Un volumineux échange de courriers entre les différents acteurs retrace pas à pas les péripéties de la consruction de ce chemin de Grande Communication (Archives Départementales, série S)
et plusieurs dossiers posèrent problème.
Les parties concernées :
■ pour l'aspect technique : le service des Ponts et Chaussées, l'agent voyer de Bergerac et l'agent voyer chef de Périgueux, l'entreprise BOSC en charge de la construction sur la commune de Liorac.
■ pour l'aspect administatif et financier: le Sous-Préfet de Bergerac, le Préfet de Périgueux, le Trésorier Payeur de Périgueux, et l'administration Municipale de Liorac, le maire Beneys et le Conseil.
■ et de nombreux habitants du bourg
tracasseries administratives et paiements tardifs
Ce fut le cas pour Jean Marty :
Jean Marty était charron et demeurait au chef lieu de la commune de Liorac dans une maison située au lieu dit du Bigayre (G58), malheureusement traversée de part en part par le tracé de la route. La partie de la maison à démolir fut estimée 1400F, eu égard aux réparations qui avaient récemment été faites à cet édifice et non compris les matériaux réservés par le cédant. Cette estimation fut approuvée par le Conseil Municipal du 9 octobre 1862.
Jean Marty était alors veuf de Catherine Lavergne, décédée à Liorac un an avant, le 20 octobre 1861, et père d'une petite fille Marie née le 12 octobre 1861. Selon le testament de son épouse, Jean Marty était propriétaire d'1/4, usufruitier d'1/4 et sa fille Marie héritière du reste. Une mineure était donc en cause et
le maire ne put passer l'acte de vente du Sr Marty sans l'autorisation du tribunal civil.
Mais la petite Marie mourut le 1 avril 1862. Jean Marty, héritier de son épouse et de sa fille était en droit de passer l'acte de vente.
Le maire ayant transmis le dossier au Sous Préfet, ce dernier demanda l'autorisation du Préfet pour passer l'acte de vente. Le Préfet répondit : "Nous ne pourrons autoriser de passer l'acte de vente que lorsque la commune aura pris les montants pour désintéresser le propriétaire attendu que les fonds déjà votés sont absorbés par les ventes qui ont déjà été consenties". Autrement dit, plus de sous !
Le Conseil Municipal n'avait pas le choix : il vota le 2 novembre 1862 un impôt extraordinaire de 1400F pour désintéresser ce propriétaire et ne pouvant servir qu'à payer la maison dudit Marty.
Enfin le Préfet donne son autorisation le 9 avril 1863 : "L'estimation faite ayant été convenablement établie et le Conseil Municipal ayant donné son assentiment et ayant voté les fonds pour en payer le prix, j'autorise la passation de l'acte avec le Sr Marty".
L'acte de vente fut passé le 10 mai 1863. Mais le Préfet signala le 23 septembre :
"le terrain cédé par le sieur Marty est grevé d'une hypothèque prise le 2 mars 1857 au profit de Dame Anne Gontier du Soulas contre le Sieur Pierre Lavergne l'un des précédents propriétaires : le sieur Marty doit faire radier cette inscription".
Ayant satisfait à toutes ces exigences administratives, le 24 décembre 1866, Jean MARTY écrit au maire de Liorac : "J'ai vendu depuis l'été 1863 une partie de ma maison.
J'ai été obligé d'emprunter pour rendre le reste du bâtiment logeable.
On me doit 1400F"
Jean MARTY reçut un accompte de 700F le 11 janvier 1868 ! Le préfet demande alors de solder le plus vite possible...Jean MARTY attendit donc au moins 5 ans avant d'être payé, mais il ne fut pas le seul ! En effet d'autres propriétaires attendirent longtemps pour être dédommagés ...
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Cas de Pierre LAVERGNE et de Marguerite SOUFFRON :
Ils étaient mariés, propriétaires et habitaient aux Bigayres. Ils vendirent plusieurs parcelles. Mais ils étaient mariés sous le régime dotal, ce qui posa problème. Leur contrat de mariage passé en 1817 devant Me Chanut, notaire à Cause de Clérans indiquait que l'épouse avait le droit de vendre des biens lui appartenant à la seule condition d'en remployer le prix par l'acquisition de nouveaux immeubles.
Il y eut un "bras de fer" entre le Trésorier Payeur et le Préfet qui à bout d'arguments envoya le dossier au Ministre de l'Intérieur ! Mais le Trésorier Payeur, resta sur ses positions. Pierre Lavergne dut "vendre" à son épouse des biens qui faisaient partie de leur société d'acquêts.
" Encore une réclamation pour non paiement : "les époux Lavergne écrivent au Préfet et le supplient de les faire payer. Ils sont très génés il y a plusieurs années qu'ils attendent."
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Cas de Marie CHAVERON, veuve de Pierre LEYGUE :
En 1861, Marie CHAVERON Vve Leygue, vendit deux parcelles :
en G56, une maison située au lieu dit le Bigayre de 80ca évaluée 1100 F
et en G45 une friche pour 100F.
Ces propriétés lui appartennaient comme faisant partie de la succession de Henri Chaveron et Marie Berland, ses parents, décédés depuis plus de 50 ans.
Marie Chaveron mourut en mars 1862 et le 24 décembre 1866 son fils, Pierre Leygue, écrivit au maire pour faire une réclamation disant
"qu'il a vendu depuis 5 ans une maison et cour à la commune pour 1200F et qui n'a toujours rien reçu" De plus, il évoque sa situation difficile.
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