Depuis les temps préhistoriques, l’homme a trouvé le loup sur son chemin.
L’ancienne institution de la louveterie,
qui avait pour but la destruction de ce prédateur, remonte au règne de Charles VI qui l’établit en 1404.
Cette institution disparut à la Révolution,
mais la grande multiplication des loups força la Convention à confier leur destruction à des particuliers et à ordonner des battues générales.
Ainsi la destruction des loups a toujours été encouragée, mais aussi stimulée par des
primes, parfois très élevées, payées par I’administration.
A Liorac, tout commence un matin de juillet 1888,
Jean Roussel part rejoindre son chantier dans la forêt de Liorac.
Il habite la Pigne et il est carrier.
Dans un sentier, il remarque des traces qu'à cette époque encore tous les paysans connaissent : des empreintes de loups !
Le lendemain, c'est dimanche : il décroche son fusil et part vers le sentier.
Il va vite trouver deux louveteaux . Il les abat de deux coups de fusil, ramasse les bêtes et rentre à la Pigne.
Il a eu de la chance, les adultes n'étaient pas là ...
Le lendemain, lundi 30 juillet, il part à la mairie porter les dépouilles pour réclamer sa prime.
En effet depuis longtemps des primes sont promises pour la destruction des loups.
La loi du 3 août 1882 en fixe le montant : 100 F pour un loup, 150 F pour une louve pleine, 40 F pour un louveteau, c'est à dire un animal dont le poids est inférieur à 8 Kg.
Jean Roussel est content, cela va faire rentrer 80 F , ce qui est une aubaine, il a une famille à nourrir et malgré la dureté du métier, un carrier ne gagne pas beaucoup.
A la mairie, le représentant du maire dresse le procès verbal, décrivant soigneusement les circonstances de la capture, ayant soin de mentionner le sexe et le poids des bêtes :
un mâle et une femelle de 6,5 Kg chacun. Il demande si ces animaux se sont jetés sur des êtres humains et la réponse de Jean Roussel est négative.
La loi prévoit en effet que la prime sera élevée à 200 F si une telle attaque a eu lieu.
Il demande alors à Jean Roussel de dépouiller les animaux, mais celui ci ne souhaite pas garder les peaux et ne conserve que les quatre oreilles.
Puis les animaux sont enfouis dans une fosse de 1m de profondeur.
Ce procès verbal sur papier timbré est lors envoyé au Préfet.
Quelques jours plus tard, le 10 août, la réponse de la préfecture arrive :
"Le procès verbal doit mentionner que les louveteaux ont été dépouillés et enfouis à 1 mètre 35 centimètres de profondeur :
cette constatation est de rigueur pour que le Sr Roussel Jean puisse recevoir la prime."
Dépouillés, pas dépouillés ? 1 m ou 1 m35 ?
DEJA LES BIENFAITS DE l'ADMINISTRATION !
Donc, à moins que le maire n'ait modifié le procès verbal, Jean Roussel n'a pas dû obtenir sa prime.
Source : Archives de la Mairie de Liorac.