Le 11 novembre 1918, l'armistice est signé. Après quatre ans, la guerre est enfin terminée ! c'est bien sûr un grand soulagement pour toute la population,
mais les millions de morts, les mutilés, les veuves et orphelins et les soldats dont on ne connait pas encore le sort
(il faudra parfois attendre plusieurs années un jugement du tribunal officialisant leur mort) empêchent les débordements de joie :
l'heure est au deuil et au besoin impératif de se souvenir de tous ces hommes
qui ont sacrifié leur vie pour défendre leurs familles et leur pays.
Pour rendre hommage à tous ces soldats, des milliers de monuments aux morts sont construits dans toute la France : ils portent la liste nominative des morts de la commune.
Liorac s'est souvenue de ses combattants en faisant construire en 1922 un monument sur la place de l'école. Voici l'histoire.
Le 15 février 1922 Une souscription publique est lancée pour aider au financement du monument :
81 familles répondent à l'appel, donnant de 1F pour les plus modestes jusqu'à 300F pour les plus aisées.
1648,50F sont ainsi récoltés : comme nous allons le voir, ce ne sera pas suffisant mais cela va bien aider la commune.
le 22 février 1922
Le maire, Jean PROPY (nouveau maire qui vient d'être élu le 25 décembre 1921 en remplacement d'E. DE RAFFIN démissionnaire), expose qu'il s'est rendu aux carrières de Mandacou (Plaisance) où il a pu voir des monuments en chantier destinés à plusieurs communes environnantes.
Il pense que ces monuments pris en carrière pourraient convenir pour celui de Liorac.
Le Conseil estime qu'il n'y a pas de meilleure pierre que celle de Mandacou et demande au maire de faire dresser les plans et devis pour le monument de Liorac qui sera installé entre les quatre derniers ormeaux de la place publique de l'école.
le 25 juillet 1922

Quelle sera la forme du monument ? Pour une petite commune, avec des ressources financières limitées, le monument sera simple, pas de statue, il est donc inutile de s'adresser à un sculpteur.
Le maire obtient un plan et un devis auprès de Louis MONCET, entrepreneur à Saint Georges de Monclard.
Comme décidé précédemment, la construction sera en pierre de Mandacou "dont tous apprécient la dureté et le grain". Le monument comprendra :
le monument lui même avec un piédestal, une bordure entourant le monument avec quatre quartiers aux quatre coins pour supporter 4 obus de 270 donnés par l'Etat, reliés par des chaînes, et
deux plaques de marbre blanc d'Italie, scellées l'une sur la pyramide et l'autre sur le piédestal destinée à inscrire le nom des soldats Morts pour la France.
Le devis s'élevant à 3576 F est accepté le 10 juillet 1922.

Il est revu avec une hausse de 197 F après une modification demandée par la Commission d'examen des monuments
communaux élevés à la mémoire des soldats morts pour la patrie. En effet, cette commission a trouvé que le tertre du monument était trop réduit par rapport au monument et qu'il convenait d'agrandir le cadre.
Le Conseil Municipal approuve cette modification le 27 août 1922 (chaque côté aura 82 cm de plus), d'où augmentation du coût.
Le devis définitif est accepté le 29 août 1922.

Le préfet donne son accord le 11 septembre. Les travaux peuvent donc commencer et à partir de là les choses vont assez vite :
le 31 décembre 1922 le maire Jean PROPY assisté de Marc FONTAYNE et Georges GUINOT, conseillers municipaux,
dressent le procès verbal de réception définitive déclarant le monument conforme aux plans et devis.
Quelques dépenses non prévues se sont ajoutées, les 8 clous en bronze
pour fixer les deux plaques de marbre,
et une Croix de guerre en bronze pour décorer le monument :

instituée en 1915 la Croix de guerre est la plus haute distinction militaire due aux «Soldats morts pour la France»,
c’est une croix de Malte posée sur deux glaives entrecroisés, qui porte en son centre l’effigie de la République.
Sur la plaque supérieure, la dédicace rend hommage aux morts de la commune :
A LA MEMOIRE
GLORIEUSE
DES ENFANTS
DE LIORAC
MORTS POUR LA FRANCE
1914-1918
Et la plaque du socle porte les noms des 21 soldats tués pendant ce conflit.
Au total, selon le devis, 320 lettres gravées dans le marbre.
Le monument aux morts est donc terminé, mais le 25 février 1923 le Conseil décide que "l'inauguration officielle aura lieu aux beaux jours, vers le commencement de mai et vote la somme de 200F " pour organiser la fête.
Malheureusement je n'ai pas pu trouver la trace de cette inauguration dans les délibérations du Conseil Municipal.
Plus tard sur les faces vierges du monument deux plaques de marbre ont été ajoutés portant
◊ deux noms pour le conflit de 1939-45 : Gaston Mouynat et Raoul Chassagne
◊ et un nom pour la guerre d'Algérie en 1960 : Jean Chassaigne.
RÉFÉRENCES : Archives Départementales de la Dordogne 12O269
Archives de la mairie de Liorac, délibérations du Conseil Municipal.