► Les curés, pendant l’Ancien Régime, écrivaient de façon très différente les uns des autres :
un curé instruit rédigeait les actes avec application conservant la même orthographe des noms durant tout son ministère.
Par contre tout changement de curé, vicaire ou remplaçant conduisait à des noms écrits différemment.
Il n’y avait alors ni loi ni obligation en la matière.
La population étant majoritairement analphabète et cela n’était guère un problème, ni pour l’administration ni pour les principaux intéressés.
► A la Révolution, des habitants sans instruction ou presque ont été "promus" officiers d'état civil.
Pour rédiger un acte, seule la phonétique comptait: avec l'accent et surtout le patois, ces employés écrivaient ce qu'ils entendaient ou ce qu'ils croyaient avoir entendu.
Les intéressés, les déclarants et témoins, ne savaient ni lire ni écrire et ne pouvaient contrôler ce qui était écrit dans l'acte. Ils ajoutaient parfois leur signature laborieusement apprise mais souvent déclaraient "ne savoir signer" !
► Les noms de famille n’ont pas eu d’orthographe, jusqu’à la création des livrets de famille vers 1890 et même, en fait, jusqu’à la
généralisation de l’alphabétisation, au début du XXe siècle.
Il en résulte que, deux frères ont fort bien pu voir leur nom orthographié différemment sur leur acte de naissance , et il n'est pas rare de trouver un nom de famille orthographié
de plusieurs façons différentes dans un même acte de mariage ou de naissance.
Ces questions d'orthographe du nom n'étaient en général pas essentielles (tout le monde dans les villages connaissait l'ascendance de chacun).
Mais certaines erreurs d'état civil furent parfois très gênantes et posèrent problème quelques années après la rédaction de l'acte !
Seul un recours au Tribunal Civil de Bergerac pouvait faire légalement corriger les actes.
Les ennuis et les frais qu'entrainaient la réparation des égarements des officiers de l'Etat Civil incombaient aux citoyens qui en étaient les victimes.
Une fille sur le point de se marier apprend qu'elle a été enregistrée comme garçon !
Un jeune homme, venant se faire inscrire pour son service militaire ou préparant les papiers pour son mariage, apprend qu'il a été inscrit à sa naissance comme enfant du sexe féminin.
Voici quelques exemples trouvés sur les registres de Liorac :
Notons que ces erreurs ne sont pas spécifiques à Liorac et sont fréquentes dans toutes les communes. De plus on peut remarquer que les maires de Liorac de la deuxième partie du XIXe siècle et du début du XXe étaient des personnes cultivées et que de telles erreurs sont d'autant plus étonnantes :
la seule explication possible à ces anomalies est que ce n'était pas le maire qui rédigeait les actes, mais un adjoint à partir de notes prises rapidement, d'où les erreurs. Le maire devait signer l'acte ultérieurement sans plus de vérification.
Erreur sur le prénom et le sexe de l'enfant
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Henriette CHIMBAUD était née à Liorac le 27 août 1885 de Pierre Chimbaud et Marie Franc. En 1908,
elle voulut se marier mais quelle ne fut pas sa surprise en demandant les papiers nécessaires à la mairie de Liorac
d'apprendre qu'elle avait été enregistrée avec le prénom d'Henri de sexe masculin ! La seule possibilité pour elle était de demander une rectification de l'Etat Civil par jugement
du Tribunal civil de Bergerac .
Ce jugement intervint le 22 août 1908 et elle put se marier le 22 septembre à Sainte Foy de Longas .
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Pierre CHIMBAUD, un homonyme, subit la même mésaventure :
né à Liorac le 26 octobre 1874 de Pierre et Marie Chimbaud, métayers aux Granges, il fut enregistré par erreur avec le prénom de Marie de sexe féminin.
Souhaitant se marier, il dut faire rectifier l'acte d'état civil par jugement du tribunal de Bergerac du 28 août 1896 et il put ainsi épouser à Lamonzie Montastruc
Marie Jeanne Chassagne le 26 novembre de la même année.
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Hélène LARTIGOU,
son acte de naissance comporte le maximum d'erreurs : sur le nom, Artigou au lieu de Lartigou, sur le prénom, Jacques au lieu d'Hélène, sur le sexe masculin au lieu de féminin !
Là encore le Tribunal de Bergerac corrige l'acte le 24 septembre 1904 et Hélène Lartigou se maria à Paris le 5 novembre 1904 .
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Julien GAUMARD, né à Liorac le 31 juillet 1884 de Jean Gaumard et Marie Chassagne, métayers à La Martigne fut enregistré par erreur avec le prénom de Marie de sexe féminin.
Le tribunal de Bergerac corrigea cette erreur le 14 novembre 1910 et Julien Gaumard fit campagne contre l'Allemagne pendant toute la durée de la guerre.
Erreur de nom
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Antoine JACQUES,
né à Liorac le 25 mars 1867, fils de Jean et Jeanne Guerlety,
au moment de son inscription militaire et apprend qu'il a été enregistré par erreur sous le nom d'Antoine Valeton, fils de Jacques Valeton et Jeanne Grelety.
Là encore, ce sera le tribunal de Bergerac qui rétablira la vérité le 21 mars 1888 :
► Faisant référence à son acte de naissance du 10 avril 1854 à Lalinde,
Antoine
PARSAT demande que le nom sur les actes de naissances de ses deux enfants, nés à Liorac de son mariage avec Catherine Reversade,
soit modifié de PARSAC en PARSAT, ce qui fut fait après jugement du tribunal le 22 avril 1896.
Les demandes de changement d'orthographe de nom faisaient références à des actes antérieurs, qui pouvaient eux mêmes être entachés d'erreurs : ainsi Bernard
Lartigou (né à Pressignac en 1846) se marie en 1870 à st Marcel et est noté "Bernard Lartigou ou Artigou" sur son acte de mariage et signe Artigou.
Dans les exemples précédents, les erreurs d'état civil concernaient des actes de naissance. On trouve cependant également des erreurs dans les actes de décès :
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ainsi le 20 août 1877,
l'acte de décès de l'épouse de Jean Gauville charpentier,nommée Marie Chaudey,
alors qu'il s'agissait de Marie JAUBERTIE. Pourtant le mariage avait été célébré à Liorac en 1870 avec les patronymes corrects ! L'acte fut corrigé le 5 juin 1894 après jugement du tribunal.