La "Das Reich", 2e SS Panzer Division

page mise en ligne le 18 février 2024      

La division SS blindée "Das Reich" a combattu sur le front de l'Est et elle est connue pour sa brutalité et ses crimes de guerre commis en Biélorussie où des centaines de villages ont été détruits et leur habitants massacrés. Mais la division a subi de grosses pertes en hommes et matériel. En 1944, les Allemands savent qu'un débarquement allié est imminent, mais il ne savent pas où il aura lieu, ils hésitent entre la Méditerranée et les côtes de l'Atlantique. La division "Das Reich" est envoyée à mi-chemin, à Montauban, pour reconstituer une grande unité par l'apport d'alsaciens, ukrainiens et hongrois enrôlés de force. En juin 1944, elle compte environ 18000 hommes et une centaine de chars. Elle est commandée par le général Heinz Bernard Lammerding. Cette division sème terreur et désolation sur son passage. Son nom reste indissolublement associé aux massacres du 9 juin 1944 à Tulle en Corrèze (99 hommes pendus aux balcons des maisons), dans la Creuse à Janaillat (31 maquisards fusillés), à Argenton-sur-Creuse (67 personnes sont tuées dont 56 civils, hommes femmes et enfants ) et le lendemain 10 juin en Haute Vienne à Oradour-sur-Glane où 642 habitants ont été tués, les hommes fusillés et les femmes et les jeunes enfants brûlés vifs dans l'église.
C'est la barbarie des nazis de la division "Das Reich".
A partir du 6 juin 1944 jour du débarquement allié sur la côte normande, les troupes allemandes sont appelées en renfort en Normandie. La plupart des unités de la division "Das Reich" prennent donc la route vers Limoges, harcelées par les maquisards qui font tout pour retarder leur arrivée sur le front de Normandie (embuscades, barrages routiers, sabotages divers....) .
Cependant le quartier général allemand a décidé d'embarquer les chars et autres véhicules à chenilles sur des trains au départ de Périgueux. Lammerding envoie une avant-garde sur la route Brive-Périgueux (R.N. 89) pour assurer la libre circulation des troupes. Les accrochages avec la Résistance sont nombreux et tragiques. Avant de quitter la Dordogne, quelques unités de la division "Das Reich" participent encore à des opérations dans les environs de Périgueux. Les chars de la division Das Reich quittent Périgueux par trains les 15 et 16 juin.
La Dordogne a donc eu aussi à subir le passage de cette troupe à l'est du département et plusieurs communes ont été cruellement marquées par des représailles après des accrochages avec la Résistance.

GROLÉJAC :
Ce village situé en Périgord Noir au Sud-est de Sarlat est traversé par la Dordogne et le pont constitue un point stratégique essentiel. Le 8 juin 1944, quelques résistants sont positionnés près du pont : mais que peuvent faire des vieux fusils face à la formidable puissance de feu de l'ennemi ? Le combat dure un moment mais la colonne allemande traverse le pont. Plusieurs hommes courageux ont payé de leur vie ces quelques instants de retard, 3 victimes civiles et 4 maquisards :
CAUQUIL Louis, 76 ans, originaire du Tarn, retraité, domicilié à Groléjac, victime civile
LABLANCHÉ Pierre, 58 ans, retraité, domicilié à Groléjac, victime civile
MABRU Firmin, 51 ans, cultivateur domicilié à Groléjac, , victime civile
MALATRAY Marcel, originaire de la Côte d'Or, 31 ans, FFI, groupe AS Victor, MPLF
NEYRAT Norbert, 21 ans, FFI groupe AS Victor, MPLF
PERRET Louis, 19 ans, FFI AS Corrèze, MPLF
THIERES Jean Baptiste, 52 ans, FFI groupe AS Victor,MPLF

Une inscription sur le monument de Groléjac rappelle cette sinistre journée :
ICI EUT LIEU LE PREMIER DES MULTIPLES ACCROCHAGES ENTRE DES RÉSISTANTS ET LA DIVISION S.S."DAS REICH", LA RETARDANT SIGNIFICATIVEMENT DANS SA REMONTÉE VERS LE FRONT DE NORMANDIE.

CARSAC (aujourd'hui Carsac-Aillac)
Le même jour 8 juin 1944, maquisards et civils tentent de ralentir la colonne en marche et là encore payent un lourd tribu comme l'indique la plaque commémorative :
AICHENBAUM René Jules, 28 ans, médecin à Carsac, FFI, groupe AS Victor, abattu à Carsac le 8 juin alors qu'il allait voir des blessés. MPLF
CANTAN URBEN Benedicto, 35 ans, né en Espagne, infirmier, fusillé à Carsac le 8 juin, victime civile.
GAGOSZ Jean, 45 ans, né en Pologne, cultivateur, fusillé à Carsac le 8 juin, victime civile.
GAGOSZ Marius, 17 ans, né en Pologne, cultivateur, fusillé à Carsac le 8 juin, victime civile.
GENET Justin, 78 ans, réfugié lorrain à Carsac, victime civile.
MEYNARDIE Henri, 46 ans, fusillé, victime civile.
MOULART Tharsyle, 40 ans, originaire du Nord, victime civile.
TREFEIL Pierre, 79 ans, abattu le 8 juin, victime civile.
VAILLANT Felix, 43 ans, originaire de Bretagne, victime civile.
CREMON Marcel, 32 ans, originaire de Lyon, FFI groupe AS Victor, surpris avec Jean Domartin, Elie Marty et Paul Louis Redon, transportant des armes pour la Résistance, fusillé le 8 mars à Carsac, médaille de l’Ordre de la Libération
DOMARTIN Jean, 38 ans, FFI , mort au combat le 8 juin à Carsac , MPLF
MARTY Elie, 45 ans, FFI groupe AS Victor, fusillé le 8 juin à Carsac, MPLF
REDON Paul Louis, 36 ans, originaire de Charente-Maritime, FFI groupe AS Victor, mécanicien, fusillé le 8 juin à Carsac.

RÉFÉRENCES :
■ Geneanet : monuments commémoratifs
■ Site "Mémoire des Hommes" ICI Ce site permet de chercher les militaires décédés pendant la seconde guerre
mondiale, Les victimes civiles et les homologations pour fait de résistannce.
■ Bernard Reviriego, Fusillés et morts au combat en Dordogne (1940 – 1944). Editions Secrets de Pays, 2023.
■ Le Dictionnaire des Fusillés, exécutés, abattus, Le Maitron des Fusillés en ligne ICI
■ Guy Penaud, La Das Reich, 2e SS Panzerdivision, Périgueux, Éditions La Lauze, 2005.
■ Site dédié à la résistance, surtout du sud-ouest, la vie quotidienne sous l'occupation, les Alliés et la libération de la France pendant la seconde guerre mondiale ICI
■ Mémorial GenWeb ICI
■ Jacques Laporte, "Avant Oradour, Rouffillac de Carlux , Mémoires et témoignages 8 juin 1944", 2012.

@ Marie-France Castang-Coutou
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