< Le contexte de l'année 1944

Les forces en présence en 1944 en Dordogne

page mise en ligne le 18 février 2024      

Quelles étaient les forces en présence en 1944 en Dordogne ?
Les troupes allemandes et des organismes français collaborant étroitement avec l'occupant :
■ La Milice française, organisation paramilitaire créée par Vichy à la demande des occupants, complément des troupes allemandes et de la Gestapo pour traquer les résistants, les réfractaires au STO, les Communistes et les Juifs. Joseph Darnand en fut le Commandant.
■ Les Groupes Mobiles de réserve (G.M.R.) : ces unités de police civile destinées au maintien de l'ordre furent engagées, à partir de l'automne 1943 aux côtés des forces de répression allemandes, dans des opérations contre la Résistance. Les GMR sévirent notamment contre le maquis de Bergerac en Dordogne. Ces policiers du G.M.R n'étaient pas recrutés localement et n'étaient pas intégrés à la population rurale, au contraire des gendarmes départementaux, qui cachaient parfois des informations sur les parachutages, les réfractaires au STO ou les activités de la Résistance.
► Face à ces forces allemandes et leurs collaborateurs français, des jeunes maquisards, souvent sans formation militaire, mal armés mais avec un énorme courage risquant leur vie tous les jours.
LA RÉSISTANCE EN DORDOGNE.
Des groupes de résistants se forment dès 1941 et peu à peu s'étoffent et se structurent accueillant :
■ Ceux qui voulaient poursuivre la lutte pour libérer le pays avec l'aide des Alliés et rétablir les libertés républicaines.
Ce sont par exemple, les officiers de l'armée française qui refusent de livrer les armes comme la convention d'armistice le prévoyait et qui s'emploient à les cacher et à les entretenir en prévision du jour où elles pourront servir à nouveau.
Le commandant Émile Mollard crée un service clandestin de camouflage de matériel (CDM).
des réfractaires au travail obligatoire en Allemagne (STO) : En effet, en 1943, l’Allemagne nazie imposa au gouvernement de Vichy la mise en place du STO, pour essayer de compenser le manque de main-d'œuvre dû à l’envoi d'un grand nombre de soldats allemands sur le front de l'Est, où la situation ne cessait de se dégrader. De fait, les travailleurs français sont les seuls d’Europe à avoir été requis par les lois de leur propre État et non par une ordonnance allemande. Ainsi beaucoup de jeunes Périgourdins refusent de travailler pour l'Allemagne et rejoignent un maquis de leur région.
des individus recherchés par la police allemande, essentiellement les Juifs et les Communistes .

Les maquis sont nombreux en Dordogne, mais mon propos n'est pas de développer ici ce sujet. Ils accueillent de plus en plus d'individus à partir de l'invasion de la zone Sud en 1942 (les populations de cette zone, sont alors pour la première fois directement confrontées à l'occupant), puis lors du décrêt instaurant en 1943 le service du travail obligatoire pour l'Allemagne et bien sûr au moment du débarquement allié en Normandie en juin 1944.
Tous agissent contre l'occupant allemand mais ils se dressent aussi contre le gouvernement de Vichy qui collabore avec les Allemands, allant souvent au delà de leurs attentes en développant une Milice pire que la Sipo-SD (la Gestapo) et en proclamant des lois antisémites, instaurant le recensement des Juifs facilitant rafles et déportation vers les camps de la mort. Selon Dominique Lormier, "la Milice périgourdine se montrera aussi impitoyable que les Allemands dans la lutte contre la Résistance. Elle sera également responsable de l'exécution sauvage de plusieurs centaines de Juifs".
A côté de ces maquisards qui se réfugient dans les bois dans la plus complète clandestinité, il y avait aussi des "légaux" qui continuaient à exercer leur métier et qui le soir participaient aux actions de résistance. Ces résistants n'ont pas tous les mêmes idées politiques, mais tous vont se battre contre le nazisme.
S'engager dans la Résistance, c'était accepter d'être considéré comme un "terroriste", risquer d'être capturé, torturé et exécuté et savoir que cet engagement mettait également en danger sa famille.
Ils côtoient la mort pour transmettre des renseignements à Londres, faire évader des prisonniers, rapatrier des pilotes, harceler l'ennemi, organiser des sabotages et sauver des Juifs. Ces mouvements de Résistance se sont structurés peu à peu jusqu'à former trois grandes forces clandestines :
■ L'Armée Secrète (AS) qui comprend au Nord du département le bataillon Violette et la brigade Rac, au Centre et Sud le groupe Mireille de Mojzesz Goldman (Sainte Alvère) et dans le Bergeracois, les groupes du mouvement Combat, Raymond Berggren (responsable des Mouvements unis de Résistance MUR pour la Dordogne) et Maurice Loupias, dit Bergeret. Le groupe François 1er, le groupe Cerisier dans le secteur de Lalinde.
■ L'Organisation de Résistance de l'Armée (ORA) qui regroupe d'anciens militaires français déterminés à résister de façon active contre l'occupant. Elle fusionne en février 1944 avec l’Armée secrète (AS) et les FTP pour former les FFI
■ Les Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF) d'obédience communiste.
Mais ces résistants agissaient sans se concerter, en ordre dispersé, sans forcément poursuivre les mêmes objectifs. L'ancien préfet Jean Moulin, représentant en métropole depuis octobre 1941 de De Gaulle, joue un rôle fondamental dans le passage des résistances à la Résistance. Il entrera dans l'histoire comme « l'unificateur » de la Résistance.(Lettre de la Fondation de la Résistance n°112)
Le département de la Dordogne, très boisé et accidenté était propice à des actions clandestines.
Les forêts touffues constituaient un refuge sécurisé aux bandes de maquisards, qui connaissant bien leur région pouvaient se déplacer rapidement sans être vus. Les populations locales leur fournissaient des vivres, mais souvent malheureusement des collaborateurs français les dénonçaient aux troupes allemandes et étaient à l'origine de massacres de groupes de résistants. Les maquis rassemblent les armes cachées et en reçoivent, parachutées par les Alliés et peu à peu l'action évolue vers la lutte armée, les sabotages et les actions directes contre l'occupant. Au cours du temps, les actions des résistants sont de plus en plus nombreuses comme le montre le graphique suivant (données recueillies à l'exposition de Rouffignac)


LES TROUPES ALLEMANDES EN DORDOGNE :
■ Face à cette montée en puissance de la Résistance, Berlin décide de renforcer ses troupes en Périgord et envoie une division spéciale pour combattre la Résistance et terroriser les populations, c'est la division "Brehmer", une division de la Wehrmacht, qui va mettre à feu et à sang toute la Dordogne et les départements voisins.
Le débarquement des troupes alliées sur les plages de Normandie se prépare. La Résistance va tout faire pour empêcher les troupes allemandes cantonnées dans le Sud-Ouest de gagner le front en Normandie. Beaucoup de maquisards vont y laisser leur vie, mais le retard imposé aux troupes d'occupation par des embuscades ou des sabotages va être décisif pour les Alliés.
Après le débarquement allié du 6 juin 1944, deux autre divisions allemandes opèrent en Périgord :
La 2e Division SS "Das Reich" commandée par le général Lammerding : lors de sa remontée vers la Normandie, cette division a perpétré d'horribles massacres :
dans plusieurs villages du Périgord, à Tulle en Corrèze où 99 civils ont été pendus le 9 juin, et le lendemain 10 juin 1944, à Oradour-sur-Glane en Haute Vienne où 642 hommes, femmes et enfants ont été brûlés vifs dans l'église. Il n'y a pas de limite à l'horreur.
La 11e Panzer Division de la Wehrmacht souvent confondue avec la Das Reich : c'est la division "fantôme" (son insigne était un squelette enveloppé d'un suaire ). Cette division s'est attaquée à la zone Sud du département : Mussidan, Mouleydier, Pressignac, Saint Julien de Crempse .
Dans les pages qui suivent , nous allons suivre successivement ces trois Divisions en Périgord pendant l'année 1944, en commençant par la division Brehmer qui a été spécialement mandatée pour éradiquer toutes les formations de la Résistance en Périgord.

RÉFÉRENCES GÉNÉRALES:
■ La Dordogne dans la Seconde Guerre mondiale : Collectif sous la direction d'Anne-Marie Cocula, et de Bernard Lachaise, ed Fanlac, 2020.
■ Site dédié à la résistance, surtout du sud-ouest , la vie quotidienne sous l'occupation, les Alliés et la libération de la France pendant la seconde guerre mondiale ICI
■ Mémoire de Résistances, un site du département de la Dordogne ICI
■ Dominique Lormier, le livre d'Or de la Résistance dans le Sud-Ouest, Editions Sud-Ouest 2011.
■ Le combat d'un ingénu, Michel CARCENAC, Ed. Hérisson , 2002.
■ Site Mémoire des Hommes, la seconde guerre mondiale ICI
■ Mémorial GenWeb ICI
■ Le Dictionnaire des Fusillés, exécutés, abattus, le Maitron, ICI
■ Bernard Reviriego, fusillés et morts au combat en Dordogne (1940 – 1944). Editions Secrets de Pays, 2023.
■ AJPN Anonymes, Justes et persécutés durant la période nazie ICI Ce site est "temporairement suspendu en raison des évènements internationaux et de la multiplication des actes antisémites en France."
■ Guy Penaud, les troupes d'occupation en Périgord de 1942 à 1944, BSHAP, 1999, p41-58.
■ Guy Penaud, les Crimes de la division Brehmer, La Lauze Ed., 2004.

LA DIVISION BREHMER

@ Marie-France Castang-Coutou
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