26-27 mars 1944
Brantôme, Ste Marie de Chignac
et des villages proches

page mise en ligne le 18 février 2024      

Les troupes allemandes se déplacent vers l'est avec leur cortège de victimes et de malheurs : elles interviennent à Brantôme le 26 mars et le lendemain à Ste Marie de Chignac. Au total 50 otages sont fusillés en représailles à une action de la Résistance. Il faut noter que les actions armées de la Résistance contre les Allemands étaient en général suivies d'une terrible répression mais que les troupes d'occupation n'ont souvent pas eu besoin de prétexte pour intervenir puisque leur but premier était non seulement d'éradiquer la Résistance et les Juifs mais aussi d'instaurer la terreur parmi la population.
Brantôme, le 26 mars 1944 en représailles à une attaque de la Résistance contre une voiture transportant trois officiers allemands, dont deux furent tués, la division Brehmer fusille 25 résistants extraits de la prison Limoges et un jeune habitant de la commune Émile Avril, qui s'était malheureusement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Ce fut le début en Périgord d'exactions, pillages, assassinats par la tristement célèbre Division Brehmer accompagnée par la Brigade nord-africaine et par un bataillon de Géorgiens. Suite à la montée en puisance de la Résistance en Dordogne, le haut commandement allemand avait envoyé cette division blindée punitive pour mater la Résistance dans le département et instaurer la terreur pour dissuader la population d'aider les résistants.
Le Monument aux Morts de Brantôme, érigé sur les lieux de l'exécution porte le nom de 26 victimes civiles, dont plusieurs d'origine juive.
AUZI Roger 26 ans, AVRIL Emile 21 ans, BABLET André 32 ans, BERGER Jean 20 ans, BOIS Gabriel 24 ans, BOUCASTEL Maurice 51 ans, DUMAS Georges 49 ans, HANF Arnold 46 ans, ISRAEL Pierre 34 ans, KASMIERCZAK Vincent 48 ans, LAFARGE D. 43 ans, LASSALLE Georges 43 ans, LEVY Bernard 64 ans, MAISON Pierre 21 ans, MASTALSKY Lorenz 50 ans, PRADET Martial 39 ans, PEYPELUT Gaston, 33 ans RENOUX Henri, 42 ans RICHTER Jacob 46 ans, ROIFFÉ Paul 35 ans, ROSENSKY Jacques 40 ans, ROUYRE Pierre 52 ans, RUBINSTEIN Victor 47 ans, RUHFEL Jules 35 ans, WRONSKI Casimir 45 ans, ZAFRIN Salomon, né en Pologne, 42 ans.

Toujours sur la commune de Brantôme :
Henri LAPEYRONNIE 24 ans, FFI, fut abattu le 27 mars 1944. Mention MPLF
Après la mort des deux officiers allemands, le Haut commandement allemand avait exigé l'exécution de 50 otages. Les unités de la division Brehmer et ses auxiliaires poursuivirent donc leurs sanglantes opérations de représailles : vingt-sept victimes avaient été exécutées à Brantôme le 26 mars et vingt-trois autres vont l'être à Sainte-Marie-de-Chignac le 27 mars, toutes extraites de la prison de Limoges.
Sainte-Marie-de-Chignac, le 27 mars 1944
Ainsi, des résistants et une majorité de prisonniers d’origine juive arrêtés au cours des rafles des mois précédents ont été fusillés au lieu-dit Rivières-Basses. Sainte-Marie-de-Chignac n'avait pas été choisie au hasard, car quelques semaines avant, le 14 février 1944, un convoi transportant des hommes de la police allemande avait été attaqué et il y avait eu plusieurs blessés. L’exécution de Sainte-Marie-de-Chignac se fit au lieu de l’attaque. Une stèle porte les noms des victimes du massacre du 27 mars 1944 :
BLAUSTEIN Louis 29 ans, BLOCH Gérard 32 ans, BURSTIN Osias 51 ans, BUSSIÈRE Pierre 31 ans, CHAMINADE Albert 20 ans, COSTE Jean 23 ans, DEBERNARD Jean 21 ans, DREYFUSS-SÉE Albert 43 ans, DUNAYER Henri 44 ans, FALK Arno, Rodolphe 40 ans, GALINAT Jean 34 ans, GELCMAN Abraham 19 ans, GRANAT Heyman 50 ans, GRANAT Isaac 20 ans, GUIR René, Louis 41 ans, JOACHIM Gerhard 34 ans, KATZ Nachmann 48 ans, MANOUKIAN Bognos 46 ans, RUTTNER Mendel 50 ans, STERN Mendel, 64 ans, SVEJDA ou SWERDA Hermann 40 ans, TROJANOWSKI Johan 42 ans, WOLFGANG Simon 44 ans .
Il y eut deux survivants à la fusillade CAMOSETTI Joseph et TENNENBAUM Tania : blessés, ils parvinrent à s'enfuir et survécurent à leurs blessures.
Les représailles se sont poursuivies le 27 mars dans plusieurs villages du nord du département, assez proches de Brantôme :
Les détails connus de ces massacres se trouvent dans un excellent article rédigé par Marc DELAGE qui indique le nom des victimes et présente les photos des stèles qui perpétuent leur souvenir : (La Résitance française) ICI.
Cantillac (4 victimes) : le 27 mars, 2 maquisards tués au combat Paul ANDRIEUX et Paul NOUHAUD 20 ans mention MPLF, et une victime civile Aubin MAUROUT 59 ans, et un inconnu d'environ 21 ans.
Champagnac de Belair (4 victimes) : Léon ABELSONNAS Lituanien, 67 ans, Marcel ALEXANDRE 57 ans Juif, Paul LEROI 64 ans de nationalité allemande d'origine juive, Fernand LEVY 36 ans Juif furent fusillés le 27 mars.
Condat sur Trincou : (1) le 27 mars, Justin PARCELLIER 47 ans fut fusillé.
St Crepin de Richemont (5) : Cinq personnes de la famille ROBY sont fusillées sous le prétexte qu'un de leur fils était réfractaire au STO : les parents, deux fils et le grand père, leur ferme fut incendiée et leurs corps brûlés.
St Pancrace (5) : le 27 mars, cinq victimes civiles furent abattues : Marcel BELAIR 24 ans, Roland CALVI 38 ans, René LACOSTE 24 ans, Eugène MULLER 36 ans d’origine juive, Felix NOUARD 23 ans.
Villars (1) :
le 27 mars, Tibor FERENCZ,un hongrois, 21 ans, FFI, Mention MPLF.
Quinsac (1) :le 27 mars, André LAPRADE, originaire de la Creuse, 37 ans, légion de gendarmerie, fut fusillé. Mention MPLF
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ Les derniers jours de mars, la division Brehmer intervient encore dans plusieurs villages :
Château l'Evêque (5 victimes) : 5 hommes furent assassinés le 29 mars parce qu'ils étaient Juifs : Marcel EPSTEIN 59 ans, Louis EINSTEIN,73 ans,Moïse GARDBERG (61 ans), Joseph LINZ (49 ans) et Jacques KRONENBERGER (68 ans).
St Romain et St Clément (4) : Paul CARREAU 23 ans, Léon CHATEAUREYNAUD 46 ans, Henri MERLHIOT 33 ans, Justin MERLHIOT 59 ans.
Nantheuil de Thiviers : Julien BECKER 31 ans, et Sylvain BECKER 32 ans, Marcel MEYER dit KAHN 50 ans, René WEIL 50 ans, tous Juifs réfugiés du Bas-Rhin.
Sarliac sur l'Isle (2) : les officiers allemands demandent la liste des Juifs de la commune qu'ils finissent par obtenir, mais cela a pris assez de temps pour prévenir les familles et leul le couple SCHWOB très âgé ne s'est pas échappé : Arthur SCHWOB 80 ans est abattu et son épouse 70 ans est déportée à Auschwitz.
Sarrazac (5) : le 29 mars 1944, des jeunes maquisards qui partaient récupérer des armes d'un parachutage tout récent chez Violette au Queyroi de Sarlande se heurtent à une colonne de la division Brehmer : deux Allemands sont tués, mais aussi 4 jeunes sont mortellement touchés : Serge GUIGNOT 21 ans, Marius CHAUFAILLE 21 ans, René ASTIER 22 ans, Pierre JACOB 20 ans sont mortellement touchés. Leurs noms figurent sur une stèle au Mas de Sarrazac avec le nom d'une victime civile Elisa MÈZE, une femme de 77 ans abattue le même jour et celui d'un déporté Louis BUISSON.
Auriac du Périgord (6 victimes) :
le 3 avril 1944, LAROCHE Antoine 60 ans responsable de la commune, LONGUET Octave 56 ans, LONGUET André 19 ans n'ayant pas signalé que leur voiture avait été réquisitionnée par le maquis, deux métayers espagnols TODO Ricardo 45 ans, CUELLO José 37 ans, Henri BONHOMME 44 ans, menuisier et débitant de boissons sont exécutés.
Azerat (3) : le 30 mars 1944 : Paul TRASSAGNAC , médecin en retraite, retiré au « Chauze » commune d’Azerat, accusé d’avoir donné des soins à des Résistants blessés, est fusillé et sa demeure pillée. Victime civile.
Figure également sur la stèle d'Azerat le nom de Marie Vincenot, 72 ans, abattue près du Chauze le 11 juin 1944, alors qu’elle gardait ses moutons. Victime civile.
Coly (1) : le 31 mars, DENYSIAK Elie, un polonais de 45 ans en situation régulière, Hector FRISON, ouvrier agricole réfugié du Nord et et Georges LANOIX boulanger (accusé d'avoir ravitaillé le maquis) sont exécutés.
Condat sur Vézère (7) :
le 31 mars 1944, les Allemands exécutèrent cinq hommes accusés d’aider ou d’appartenir à la Résistance. Ils avaient été arrêtés la veille lors d’opérations de ratissage : Georges Émile HAUPINOT 38 ans, hôtelier, victime civile arrêté au Lardin Saint-Lazare, René VEYSSIÈRE 19 ans, arrêté à Jayac, André DELBOS 46 ans, cultivateur et son fils Yvon Jean DELBOS 18 ans, deux vitimes civiles, arrêtés à Nadaillac. Paul CÉROU 50 ans, arrêté à Nadaillac, victime civile. Sylvain ASCH 44 ans et Paul WEILL 70 ans furent exécutés le 2 avril parce qu'ils étaient Juifs.
Fanlac (2) :
Deux victimes civiles, Gabriel AUBARBIER 77 ans et son épouse 71 ans ont été fusillés le 30 mars.
Ce couple avait repris l’exploitation familiale au hameau de Lespicerie à Fanlac, puis était venu s'installer au bourg de Fanlac, laissant la ferme vide. Le 30, sans doute sur dénonciation, les Allemands perquisitionnèrent la ferme de Lespicerie qui était utilisée par les résistants pour la formation FTP (Francs Tireurs et Partisans). Le bâtiment était vide, mais ils découvrirent des morceaux de toiles de parachutes. Gabriel Aubarbier et son épouse furent brutalisés, puis exécutés et leurs corps brûlés dans l’incendie de leur maison.
La Bachellerie (14) :
Le 30 mars 1944, le bourg de La Bachellerie est encerclé par les soldats de la division Brehmer : à l'intérieur de cette ceinture, les opérations sont menées par la Gestapo de Périgueux qui est en possession d’une liste certainement établie avec le concours de la Milice. Dans de ce périmètre, les soldats arrêtent, se livrent à un pillage sytématique emportant linge, conserves et tous objets ayant une certaine valeur, incendient des maisons et le soir fusillent
Eugène PRIOUZEAU ,42 ans, Maréchal des Logis-Chef de Gendarmerie, est arrêté et déporté. Il mourra à Buchenwald. Une plaque commémore sa mémoire.
13 personnes sont fusillés (voir stèle de La Genèbre, A.N.A.C.R. Dordogne) Marcus ACSEL 48 ans, médecin victime civile d’origine juive.
René LAFARGE 58 ans, et son fils Jean LAFARGE, 35 ans, garagistes, victimes civiles, accusés d'avoir réparé des véhicules des maquisards.
LAROCHE, Moïse, 40 ans, fils d'un cordonnier, commerçant : son prénom l'a fait considérer comme Juif.
LAROCHE, Guillaume, 64 ans, garagiste, victime civile. Sa maison fut incendiée.
APELGOT, Mendel, 46 ans, négociant en confection, victime civile d’origine juive.
GOLD, Rubin, 72 ans, de nationalité polonaise, victime civile d’origine juive.
NETTER, Charles, 46 ans,originaire de Colmar, victime civile d’origine juive.
VOGELHUT, Charles, 15 ans, et son frère VOGELHUT, Marcel, 14 ans, réfugiés de Strasbourg, victimes civiles d'origine juive.
GERST Maurice 25 ans refugié de Strasbourg, victime civile d’origine juive.
BORENSTEIN Julien, 61 ans, Juif polonais, marchand ambulant ; victime civile d’origine juive, fusillé à Azerat
GRÜN Nephtali, 51 ans né en Pologne, horloger, victime civile d’origine juive.
SCHENKEL Nathan, 48 ans fut abattu le 1er avril 1944 au cimetière d’Azerat. Cinq autres Juifs y furent exécutés entre le 31 mars et le 2 avril : Joseph COHEN et Tobias GRUNBAUM (arrêtés à la Grange-d’Ans), Napthali GRUN (arrêté à La Bachellerie), Pierre KHANTINE (arrêté à Rouffignac), René KAHN (arrêté à Hautefort). Leurs noms sont inscrits sur une plaque commémorative apposée sur le mur du cimetière d’Azerat.
Ces massacres, à La Bachellerie et dans les communes environnantes du 30 mars au 2 avril 1944, firent 24 victimes dont 15 juifs, mais tout aussi horrible 33 femmes et enfants juifs furent arrêtés et déportés à Auschwitz d’où cinq seulement sont revenus.
St Rabier (7): Le 30 mars 1944, les Allemands fusillent trois hommes arrêtés plus tôt dans la journée à Azerat : Émile COULON, 72 ans, le maire d'Azerat, victime civile, son adjoint Constant LACOSTE 70 ans, du MUR (mouvement uni de la Résistance), Mention MPLF et Louis BONNEFONT 50 ans, facteur. Le lendemain, ils fusillent deux autres personnes et détruisent trois maisons à Saint-Rabier. Ils abattent également une réfugiée polonaise au lieu-dit les Courtissoux, et arrêtent sa fille de six ans qui sera déportée vers Auschwitz. Toujours le 31 mars, un marchand ambulant juif, ayant appris l'arrestation la veille de sa femme et de ses filles à La Bachellerie, s'est constitué prisonnier auprès des Allemands qui l'ont fusillé sur le territoire de Saint-Rabier.
Villac (4) : Ce village retiré servait de refuge à des maquisards corréziens. Le 30 mars un détachement de la division Brehmer investit la commune de Villac. Un jeune maquisard corrézien Jean LEYMARIE fut tué. Quatre hommes furent arrêtés et fusillés : André POMMAREL 39 ans , Louis DELORD 23 ans, Pierre VIDALIE 50 ans et René MAZAUDOIS 39 ans. André Pommarel survécut miraculeusement à l'exécution.
Terrasson-Lavilledieu(8) :
Cette ville est située sur la N89 (Bordeaux-Brive) et à proximité de la N20 qui conduit à Limoges et Paris. C'était donc un point stratégique pour le contrôle des axes de communications et un lieu tout désigné pour des embuscades régulièrement suivies de représailles. Le 31 mars, René LASCAUX 37 ans secrétaire de Mairie, et Max TOURAILLES 33 ans, ouvrier verrier, communiste furent fusillés. Au hameau de la Tranche, quatre hommes furent abattus : Louis BOUZONIE, 38 ans, Henri FAURIE,63 ans retraité de la police, Paul FERRET 18 ans et Étienne MICHAUDEL 69 ans, cultivateur . Jean GAUCHER 24 ans et Gaston MARTY,37 ans dénoncés pour avoir aidé le maquis, furent arrêtés à Chavagnac et exécutés à Terrasson le 1er avril. Après cette intervention de la division Brehmer à la fin du mois de mars 1944, Terrasson eut à nouveau à subir le passage, le 10 juin 44, d'une autre division de sisnistre mémoire, la "Das Reich" qui remontait vers la Normandie après le débarquement allié et là encore il y eut des victimes.
Thenon (4) :
Le 31 mars, lors d'un accrochage entre un détachement de la division Brehmer et des maquisards FTP, deux résistants furent tués Robert DELORD 24 ans et Jean NADAL 21 ans et un autre Jacques TÊTE, 24 ans fut capturé et exécuté.
Sainte-Orse (9):
Le 1er avril 1944, le village de Sainte Orse fut investi par des soldats de la division Brehmer, les maisons fouillées à la recherche d'armes, de maquisards et de Juifs. Certains habitants réussissent à sauver des membres des familles juives,dont Jean BOUSQUET, 58 ans qui sera fusillé le même jour avec 8 hommes massacrés parce que Juifs. Dix-huit réfugiés d’origine juive, essentiellement des femmes et des enfants, furent raflés et déportés vers les centres de mise à mort. Dans tous ces villages, ce ne furent que pillages, incendies, exécutions et déportations .
Pour "terminer leur périple en Périgord", avant de s'attaquer à la Corrèze, les troupes de la division Brehmer incendient Rouffignac (actuellemnent Rouffignac Saint Cernin de Reilhac)

LE 31 MARS 1944, ROUFFIGNAC EN FLAMMES

@ Marie-France Castang-Coutou
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