Les bataillons révolutionnaires
de la Dordogne


Le contexte : les divergences idéologiques majeures entre la France révolutionnaire et les puissances monarchiques d'Europe, laissaient présager à court terme des conflits armés, en particulier avec l'Empire romain germanique. Cependant l'armée française n'était pas prête à y faire face ! En France, l'armée royale était composée de troupes françaises recrutées par engagement volontaire, complétées par les milices provinciales levées dans chaque paroisse suivant un contingent obligatoire, et de mercenaires étrangers à la solde de la monarchie : environ 295 000 hommes, beaucoup moins que l'Autriche (400 000 hommes) et la Prusse (250 000 hommes). L'armée n'était donc pas assez forte pour couvrir les frontières.

 
Cette constatation amena naturellement l'Assemblée constituante à augmenter le nombre de soldats, mais elle conserva dans un premier temps le mode de recrutement par engagement volontaire. Mais après l'exécution du roi en janvier 1793, l'Angleterre, les Provinces-Unies et l'Espagne se joignent à la coalition austro-prussienne. Des troupes nouvelles sont nécessaires en France et seule une conscription en masse est capable de fournir ces soldats.

Chronologie de la levée et réquisition de "volontaires" dans le département de la Dordogne, faite par la république pour la défense des frontières.
(Source : Recrutement de l'Armée en Périgord pendant la période révolutionnaire (1789-1800), Lt de Cardenal)
Juin 1791 - premier appel : des volontaires s'inscrivent en Dordogne, mais l'organisation administrative ne suit guère et au début de la guerre, aucun bataillon n'est constitué en Dordogne.
20 avril 1792 : déclaration de guerre à l'Autriche.
Mai 1792 : deuxième appel de volontaires, la Dordogne doit former deux bataillons. Ces deux premiers bataillons partent de Périgueux pour l'armée du Nord, sans équipement et surtout sans être armés : chaque bataillon dispose de 40 vieux fusils ! Les hommes reçurent des armes en cours de route et furent dirigés vers l'avant garde de l'armée du Rhin. Beaucoup furent tués à Kelh, Neuf-Brisach, Schlestadt, Phalsbourg, Strasbourg...
Puis le Conseil Général du département décida spontanément de créer un troisième bataillon de la Dordogne avec les volontaires qui n'avaient pas encore été incorporés. Un quatrième bataillon sera ensuite formé avec des volontaires du district de Montignac. Ce bataillon marchera contre l'armée vendéenne, et participera à la lutte contre Charette.
22 septembre 1792 : la République est proclamée. Ce sera le 1er vendémiaire de l'an I dans le nouveau calendrier républicain.
21 janvier 1793 (2 pluviose de l'an I) : le roi Louis XVI est exécuté. L'Angleterre, les Provinces-Unies et l'Espagne se joignent alors à la coalition austro-prussienne. IL FAUT DAVANTAGE DE SOLDATS !
le 23 avril 1793 (4 Floréal de l'an I), la Convention ordonne une levée de 300 000 hommes. Cette levée ne pouvait s'effectuer que par la conscription de tous les citoyens en état de porter des armes et les citoyens de 18 à 40 ans, non mariés ou veufs sans enfants sont en état de réquisition, à charge des communes de désigner parmi eux ceux qui partiront : un effectif de 6345 hommes est demandé à la Dordogne.
le 1er juin 1793 (13 prairial an I), le 5ème bataillon de volontaires de la Dordogne fut organisé à l'aide de compagnies provenant des districts de Périgueux, Mussidan, Bergerac et Excideuil. Le bataillon resta longemps en Vendée où il prit part à différents combats. Il prit part à l'expédition d'Irlande. La compagnie de cannoniers du 5ème bataillon fut désignée pour une expédition à la Guadeloupe en 1795.
La réquisition de "soldats volontaires" donna naissance au 6ème bataillon de la Dordogne mais ce bataillon partit incomplet. En décembre 1793 (nivôse an II), le général Marbot demanda 200 hommes de la levée des 18 à 25 ans pour le compléter. Il devait faire partie des renforts envoyés avec Marbot devant Toulon. Mais il fut sans doute arrêté en route car on le retrouve cantonné à Agde en mai 1794.

En septembre 1793 (Vendémiaire An II), du côté des Pyrénées orientales, les Espagnols se montraient tous les jours plus menaçants et l'armée française avait besoin de renforts. Les représentants du peuple, informés de l'existence en Dordogne d'environ mille soldats républicains qui n'étaient pas encore en poste, décidèrent de former un bataillon supplémentaire : ce 9ème bataillon n'était pas un bataillon de volontaires au même titre que les précédents, puisqu'il était composé de recrues de la levée de 300 000 hommes, c'est à dire d'hommes en grande partie désignés d'office dans les communes. En avril 1794, le bataillon se trouvait à Foix et fut plus tard incorporé dans la Légion des Pyrénées.

Que se passait-il à Liorac en ce temps-là ?
Cette chronologie va permettre de situer le document qui va suivre : la liste nominative et le signalement des volontaires de l'an II et de l'an III du canton de LIORAC.

@ Marie-France Castang-Coutou - postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)