Talleyrand-Périgord

En 1791, vente de
biens nationaux à Liorac

 
La situation en France en 1789 : les caisse de l'état sont vides et la crise financière telle que la nation est au bord de la banqueroute. C'est alors que le député Charles Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d'Autun, monte à la tribune de l'Assemblée Constituante, pour proposer une solution "radicale" : la nationalisation des biens du clergé qui deviennent des "biens nationaux".
 
Messieurs,
L’État depuis longtemps est aux prises avec les plus grands besoins, nul d’entre vous ne l’ignore, il faut donc de grands moyens pour y subvenir.
Les moyens ordinaires sont épuisés : le peuple est pressuré ; de toute part, la plus légère charge lui serait, à juste titre, insupportable, il ne faut pas même y songer.
Des ressources extraordinaires viennent d’être tentées, mais elles sont principalement destinées aux besoins extraordinaires de cette année, et il en faut pour l’avenir, et il en faut pour l’entier rétablissement de l’ordre.
Il en est une immense et décisive, et qui, dans mon opinion, car autrement je la repousserais, peut s’allier avec un respect sévère pour les propriétés : cette ressource me paraît être toute entière dans les biens ecclésiastiques. Il ne s’agit pas ici d’une contribution aux charges de l’État, proportionnelle à celle des autres biens : cela n’a jamais pu paraître un sacrifice. Il est question d’une opération d’une toute autre importance pour la Nation ... Ce qui me paraît sûr, c’est que le clergé n’est pas propriétaire à l’instar des autres propriétaires, puisque les biens dont il jouit et dont il ne peut disposer ont été donnés, non pour l’intérêt des personnes mais pour le service des fonctions.
Maurice Talleyrand-Périgord, le 10 octobre 1789
La nationalisation des propriétés de l'Église fut votée le 2 novembre 1789.
La dîme, un impôt prélevé par le clergé sur le tiers état, avait été supprimée quelques mois auparavant. L'Église n'avait donc plus de revenus et l'État s'engagea alors à prendre en charge l'entretien des ecclésiastiques, les frais du culte et les charges concernant la charité et l'éducation qui relevaient jusque-là de l'Église. Comme on peut facilement l'imaginer, ce décret mettait en jeu des sommes considérables !
Son objectif premier était de conjurer la banqueroute :
► en apportant une caution à la monnaie papier, les assignats,
► en drainant l'épargne des particuliers : en échange d'un prêt à l'Etat, les particuliers recevaient des bons gagés sur les biens nationaux, échangeables à tout moment contre un bien national de même valeur,
► en vendant ces biens aux particuliers : ces ventes profiteront plus à la bourgeoisie qu'aux paysans qui n'avaient pas les moyens d'acheter.


Pour le seul district de Bergerac, un registre de 393 pages a été nécessaire pour consigner la liste des biens de l'église mis aux enchères et pour décrire leurs conditions d'adjudication (AD24 Q511).

A LIORAC, cinq lots situés dans la paroisse et "dépendant ci devant de la cure" ont été mis aux enchères :
► Une pièce de pré d'environ cinq pognerées 1800 #
► Une pièce de pré d'environ trois pognerées 1000 #
► Une pièce de pré d'environ trois pognerées 600 #
► Une pièce de terre d'environ une pognerée 400 #
► Un petit morceau de jardin d'environ neuf à dix escats 80 #.
Les unités de mesure sous l'Ancien Régime :
les unités de mesure de surface, de poids, de volume... changeaient suivant les régions, les villes ou même les villages! Dans ces conditions, on ne peut que donner une conversion approximative des mesures de surface utilisées à Liorac.
Dans la région l'unité de base était le journal, surface que l'on labourait en une journée, valeur éminemment variable ! Ainsi le journal valait environ 34 ares à Bergerac et à Mouleydier, mais seulement 17 à Ste Alvère! De là à penser que les laboureurs étaient moins courageux à Ste Alvère!
La sous-unité du journal était la pognerée : un journal valait trois pognerées. Si l'on considère le journal de Bergerac ou celui de Mouleydier, on peut raisonnablement penser qu'une pognerée valait environ 1000 m2 à Liorac.
Source : Les anciennes mesures locales du Sud-Ouest d'après les tables de conversion par Abel Poitrineau.

L'Assemblée Nationale décida d'uniformiser le système des poids et mesures par décret du 8 mai 1790, mais il fallut attendre le 18 Germinal an III (7 avril 1795) pour que soit votée la loi qui fixait d'une façon définitive les nouvelles unités et supprimait les anciennes : il n'y aura qu'un seul étalon des poids et mesures pour toute la République ...

@ Marie-France Castang-Coutou
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