Meuniers au moulin de la Boissière



Le moulin de la Boissière est le moins connu des trois moulins de Liorac. Les registres paroissiaux nous apprennent qu'il existait déjà en 1675 .
Il était situé près du moulin de Burette avant le moulin de Lartigue (qui est déjà sur la commune de Lamonzie), et donc le plus en aval sur la Louyre des trois moulins de Liorac (voir ci dessous un morceau de la carte de Belleyme, en bleu la Louyre et en bleu foncé les biefs sur lesquels les moulins étaient installés).

 


HISTOIRE
La Boissière, qui consistait en terres labourables, prés et moulin dans la vallée de la Louyre appartenait à Messire Jean DUFAU de la Mothe, écuyer, Seigneur de Beauregard, résidant à Bordeaux. On en trouve une description dans la reconnaissance du ténement de la Boissière en 1767 (AD24, terrier de Beauregard, 1E sup14).
Un ténement était une terre tenue d'un seigneur moyennant le paiement d'une redevance et un acte officiel de reconnaissance était passé devant notaire* avec le seigneur par ceux qui recevaient cette terre en fief :
◊ Les terres labourables et les prés de la Boissière (sans le moulin) étaient tenus en fief féodalement par noble Pierre POURQUERY de GARDONNE, sieur de Gardonne, ancien capitoul de Toulouse habitant le bourg de Liorac et par Jean VALLETON de BOISSIERE, habitant sa maison de la Roque, moyennant une quartonnée de blé froment et trois sols deux deniers d'argent de cens et rente foncière, directe annuelle, perpétuelle et solidaire que les dits tenanciers ont promis tant pour eux que pour les héritiers, de remettre dans le château de Beauregard à chaque fête de St Michel en septembre et l'argent à chaque fête de Noël.
◊ Suit la reconnaissance du Moulin de la Boissière, avec les détails de localisation, tenu en fief féodalement par Jean VALLETON de BOISSIERE, habitant sa maison de la Roque .
consistant en deux meules tournantes, ecluse deffuge (canal de fuite) et eysines **, le tout de la contenance d'une pognerée(environ 11 ares, ce qui est relativement petit), faisant plusieurs crochets à replis, confronte du levant et midy aux prés et terres de Mr Pourquery de Gardonne fief dudit seigneur de son ténement de la Boissière, du couchant , le nord à la chenevière et prés de Leon Pourquery sieur de la Roche avec ses plus amples confrontations, le chemin qui va dudit moulin à Liorac divise partie des dites eysines pour raison dudit moulin, ...
Jean VALLETON de BOISSIERE confesse devoir huit quartonnées de blé froment, la somme de cinq sols tournois et trois gellines (des poules) ...de cens et rente foncière, directe annuelle, perpétuelle et solidaire que le dit tenancier a promis tant pour lui que pour ses héritiers, de remettre dans le château de Beauregard à chaque fête de St Michel en septembre et l'argent et les gellines à chaque fête de Noël.
Dans les deux cas étéit précisé le "droit d'acapte", c'est à dire la redevance dûe par le tenancier à chaque changement de seigneur.
La description est courte, mais l'on peut remarquer que la redevance pour le seul moulin était clairement plus élevée que pour les toutes les terres de la Boisière : le moulin devait probablement être d'un meilleur rapport que les terres.


* L'acte a été passé devant MAZET, notaire royal à Liorac :

** Eysines: espaces vides autour d'une ferme pour permettre la circulation du personnel, du bétail et du matériel. S'écrit aussi eyzines. (Extrait du dictionnaire du Monde rural )


LES MEUNIERS
En 1675, Guillaume FANARD est meunier au moulin de la Boissière. Il est marié avec Guillonne DELERAS.
Ensuite les meuniers s'y succèdent régulièrement jusqu'à la Révolution : Pierre LAVAL en 1703 marié avec Léonarde MARSSAUD, Raymond ROUGIER en 1728 (il épouse Jeanne DELBOST du village de la Roche), Guillaume LAVAL marié à Jeanne LANDAU en 1744, Raymond BERLAN et Toinette CHASSAING en 1758,
... En 1797 Jacques CHAVAGNAC meunier et son épouse Françoise CHASSAIGNE,habitent au "Moulin Neuf dit de Boissière"

Ce nom de "moulin neuf" lui est resté puisqu'on le trouve sur le cadastre de 1824 et ensuite sur les divers recensements du XIXème siècle :
► En 1846 Jean CHADOURNE (fils d'Elie Chadourne et de Marie Moulin, né au moulin de Carrieux), 31 ans, y est meunier avec Marie (Jeanne) ARBAUDIE : ils ont deux enfants : Elie 2 ans et Marie 11 ans. et Elie BLEYZAC, 25 ans, est domestique au moulin.
Mais en novembre 1850, Jean CHADOURNE meurt à 35 ans
► En 1856 Marie ARBAUDIE est donc veuve, avec des enfants : elle est d'une famille de meuniers et continue à faire fonctionner le moulin avec l'aide de son beau frère Pierre CHADOURNE meunier.
► En 1861 Jean CHADOURNE meunier 48a et Marie FOUCAUD
► En 1866 seuls les moulins de Carrieux et Burette sont indiqués sur le recensement
► En 1872, Jean ARBAUDIE 27a est meunier au moulin neuf de Boissière, il est marié à Anne FOURNIER (de Sauveboeuf, elle n'était pas fille de meunier).
► Le recensement de 1876 mentionne encore les trois moulins, Elie CHADOURNE est meunier à Carrieux, Etienne BLEYZAC est meunier à Burette et Jean ARBAUDIE est toujours meunier au moulin Neuf.
► En 1881 les moulins ne sont pas recensés.
► En 1891, Etienne BLEYZAC 50a est meunier au moulin neuf (s'agit-il maintenant du Moulin de Burette ?) avec Marguerite BIZAC et des enfants.
Nous allons retrouver certains de ces noms (CHADOURNE, ARBAUDIE, BLEYZAC, BIZAC) dans les autres moulins mettant progressivement en évidence des dynasties meunières.

@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)