Le testament d'un laboureur
à la Roche sous Louis XIV

Faire son testament était une obligation morale !
Le testament réglait certes les problèmes civils, empêchant les conflits à propos du partage des biens, mais était surtout un acte religieux, l'ultime occasion d'assurer le salut de son âme en affirmant sa foi en Dieu. C'était donc un acte de prévoyance mais aussi la dernière chance de gagner sa place au paradis ! Tous s'y soumettaient, même les plus pauvres.

A cette époque,les habitants étaient en majorité illétrés et faisaient donc appel à un notaire pour rédiger leur testament. Le notaire appartenait à une famille riche, car la charge était vendue à un prix parfois très élevé. Après paiement, le roi le nommait (c'était "un notaire royal") par une lettre de provision d'office l'autorisant à exercer dans un village, mais de fait, il officiait dans un rayon assez étendu autour de sa "résidence". Le notaire devait bien sûr savoir lire et écrire en français, mais surtout et avant tout être bon catholique.
Voici l'exemple du testament rédigé en 1656, de Jehan MOUNEDIERE, un laboureur qui habitait la Roche.
On ne sait pas grand chose de lui puisque les registres paroissiaux de cette époque n'existent plus. On le trouve cependant sur le rôle de taille de 1656 : il était alors assez fortement imposé (12 livres) et faisait donc partie des habitants aisés de Liorac.
Voyons ce que ce testament nous apprend ...
En ce 15 octobre 1656, Jehan Mounediere est malade, couché dans son lit et incapable de se déplacer. Sentant sa fin proche, il fait prévenir Me Babut, le notaire de Mouleydier.
Celui-ci monte à cheval, papiers, encrier et plumes sont dans ses fontes. Il parcourt rapidement les quelques lieues jusqu'à la Roche. Arrivé à la maison, il attache son cheval dans la cour.
Il est attendu, les témoins ont été prévenus et ils sont prêts à écouter les dispositions que le malade va dicter. On les conduit avec le notaire dans la pièce où se trouve le lit, haut et entouré de rideaux. Jehan Mounediere y est couché, des coussins le soutiennent. Sa femme lui a porté bouillon et tisanes, mais il sent qu'il ne se relèvera pas. Pourtant il a gardé ses facultés intellectuelles ce qui est essentiel pour la validité de l'acte. Le notaire s'installe près du lit avec son écritoire et commence à rédiger ...

@ Marie-France Castang-Coutou
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