1761 Assassiné dans les bois de la Gasquie

page mise en ligne le 6 juillet 2022.      
Le 7 septembre 1761, le curé POURQUERY inscrit sur les registres paroissiaux le décès de Pierre DAUNAT, garde bois des héritiers de feu Mr du Mourier, décédé dans les bois de la Gasquie présente paroisse, y ayant été assassiné comme il apparait par le verdict de Mrs de la justice de Pressignac.
L'information est certes limitée, mais il est peu probable que l'on retrouve un document avec les résultats de l'enquête. Néanmoins cet acte appelle quelques commentaires.
 
L'ÉPOQUE
Sous l'Ancien Régime la Monarchie s'applique à protéger le bois, matière première indispensable à la métallurgie et à la construction navale.
Des ordonnances sont promulguées, pour contrôler les coupes (en particulier des hautes futaies, destinées aux mâts des navires) aussi bien dans le forêts royales que chez les particuliers. En effet les délits en forêts sont nombreux : vols et coupes de bois, et aussi délits de chasse (La chasse était réservée aux nobles hauts-justiciers). Le ramassage du bois était interdit ou juste toléré et la chasse et le pacage interdits aux habitants. Mais la pauvreté ou parfois l'envie du profit (vente de bois ou de gibier) conduisaient à de multiples infractions. Des gardes royaux et aussi des gardes particuliers surveillaient les bois et pouvaient infliger de lourdes amendes aux contrevenants. L'ordonnance de Louis XIV en 1669 (dite des "Eaux et Forêts") avait d'ailleurs fondé un tribunal particulier pour les procès "forestiers". C'est dire que le métier de garde n'était pas sans risque, même si le port d'armes à feu était en principe interdit au peuple.

LES PERSONNAGES
Les JAMMES du MOURIER , originaires de Saint Martin des Combes, s'étaient alliés en 1707 avec les JAMMES de Liorac (mariage entre François JAMMES du Roc du Mourier avec Marie Jammes, demoiselle de La Coste à Liorac). Leur fils Antoine né en 1711 à Liorac, marié en 1752 à Flaugeac avec Marie de Vaucocour était installé à la Ricardie et leur domaine incluait les bois de la Gasquie distants de moins de 2 km. Il employait Pierre DAUNAT comme garde bois. Antoine Jammes du Mourier, alors garde-corps du Roi, mourut en décembre 1758 et fut enterré dans l'église de Liorac. Il laissait son épouse et plusieurs enfants mineurs (Louise née en 1753, Marc en 1755, Louise en 1757 et Gabriel en 1758). Ses "héritiers" conservèrent les services de Pierre DAUNAT.

Pierre DAUNAT était garde-bois c'est à dire, selon la définition du Littré "garde pour la conservation des bois et de la chasse d'un domaine".
Les registres paroissiaux nous donnent quelques informations sur sa vie : né en 1708 au Vieux Liorac de Michel DAUNAT et Marie VALLETON. Il était journalier au Vieux Liorac lorsqu'il épousa en 1739 une fille étrangère à Liorac, Catherine VIÉ de Villac. Le mariage dût être recélébré deux mois plus tard car il existait un empêchemnt d'affinité entre les futurs époux nécessitant une dispense de l'Évêque. Un petit garçon naquit à la fin de l'année.
LES LIEUX
Un morceau de la Carte de Belleyme affiché ci-dessous, montre la proximité de La Ricardie et des bois de la Gasquie.
QUE S'EST-IL PASSÉ DANS CES BOIS DE LA GASQUIE ?
On ne le saura sans doute jamais. On peut juste supposer que Pierre Daunat faisant sa tournée dans les bois a rencontré des voleurs de bois ou des braconniers, une altercation violente s'en est suivie et le malheureux garde-bois a été frappé et laissé mort.
 

@ Marie-France Castang-Coutou
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