Pierre Pourquery de Gardonne
Capitoul de Toulouse en 1747

Les Capitouls :
Ce nom est celui des premiers Magistrats de police de Toulouse (l'équivalent des Consuls ou Echevins dans d'autres villes). C'était une fonction très recherchée qui conférait renommée et noblesse à ceux qui y parvenaient.
Au XVIII ème siècle, les Capitouls étaient au nombre de huit : trois demeuraient capitoul leur vie durant et les cinq autres étaient "électifs" et leur fonction ne durait qu'un an.
 
Les Capitouls avaient le "droit d'image", c'est à dire qu'après leur année d'administration, ils étaient peints dans la Maison de la Ville, le Capitole. Ce fut sans doute le cas de Pierre de Pourquery de Gardonne qui fut capitoul en 1747 : une gravure sur papier représente son portrait en pied et a sans doute servi de modèle pour une peinture murale. Elle indique ses titres et fonctions et montre son blason. Cette image provient des Archives Municipales de Toulouse (ref.45Fi209) et m'a été gentiment transmise par Mr Géraud de Lavedan, que je tiens à remercier ici tout particulièrement.
Mais qui était donc Pierre Pourquery de Gardonne et quel était son lien avec Liorac ?

La famille POUQUERY est une vielle famille du Périgord, connue à Monpazier depuis le XVèmesiècle. Plusieurs de ses membres se sont distingués dans des carrières de robe et d'épée et dans les hautes fonctions écclésiastiques. On y trouve ainsi des juges, avocats au Parlement, évêque, chanoines, gardes du corps, chevaux-légers... Des lettres d'anoblissemnt furent conférées par Louis XIV en 1654 à Raymond Pourquery, juge de Monpazier et à sa descendance. Pierre Pourquery de Gardonne était l'un d'eux. On trouve en Périgord plusieurs branches de cette famille, qui se différencient par le nom de leur terre accolé au nom de Pourquery. On trouve ainsi "de la Bigotie" (Monpazier), "de la Roche" (Liorac), "de Gardonne" (Montagnac la Crempse)...
► SON BLASON : Sur la partie gauche du blason du capitoul, se retrouvent les armes primitives des Pourquery, " d'azur, à la hure de sanglier d'argent". La partie droite du blason, " d'azur à deux balances d'argent en équilibre d'or, la verge de même soutenue au centre par la pointe d'une épée d'argent garnie d'or que tient un dextrochère d'argent, et sommé d'une couronne royale d'or", rappelle la charge de juge puisque la balance est le symbole de la justice.

► SON ASCENDANCE :
Son grand-père, Pierre Pourquery de Laplaine (du nom d'une terre de Carlux) était le frère du curé de Liorac, Guillaume Pourquery. Ce dernier célébra d'ailleurs son mariage avec Françoise Dufour, le 18 avril 1674 à Sarliat (Sarliac sur l'Isle). De ce mariage naquirent plusieurs enfants à Liorac, dont Guillaume Pourquery, le père du futur capitoul. Pierre Pourquery sieur de Laplaine décéda à Liorac le 29 juin 1683 et fut enterré dans l'église "près des balustres du grand autel". Françoise Dufour, sa veuve, mourut à Liorac en 1721.
Guillaume Pourquery épousa le 24 novembre 1704 à Montagnac la Crempse Anne de Labatut (née le 5 octobre 1687 à Gardonne, fille de Jacques de Labatut, Sr de Savernat et Marie Mirambeau). Il fut juge à Liorac, puis à Montagnac Ils eurent plusieurs enfants dont :
o Jacques Pourquery Sr de Savernat qui sera plus tard lui aussi curé de Liorac (de 1734 à 1768)
o Françoise Pourquery qui épousera un Valleton de la Teyssanderie
o et Pierre Pourquery, le futur capitoul.

► UN BEAU MARIAGE : Pierre Pourquery était donc le fils d'un avocat qui fut juge à Liorac puis à Montagnac et il devint lui ausssi avocat (au parlement de Bordeaux). Il s'allia à une grande famille Périgourdine, les SALIGNAC , en épousant le 4 octobre 1740 à St Jean d'Estissac Françoise de Salignac, fille d'Arnaud, écuyer, seigneur de la Poncie et de Marie Dumas.

► PLUSIEURS ENFANTS NÉS à Liorac :
• d'abord 3 filles : Anne 17/08/1741, Marie 23/07/1742, Françoise 18/09/1743 (+ 28/09/1766 à Liorac)
• puis le seul garçon du couple, Joseph-Louis, né le 18/10/1744 à Liorac . Il embrassa la carrière militaire, et devint chevau-léger de la garde ordinaire du Roi. A la mort de son père en 1770, il prit le titre de Seigneur de Gardonne. Il mourut jeune, à Liorac le 15 décembre 1781, semble-t-il sans descendance et la branche des Pourquery de Gardonne s'arrêta là.
• puis encore deux filles : Marie née le 28 novembre 1745 (c'est d'ailleurs la seule qui survivra à ses parents, +15 janvier 1823) et Suzanne qui naquit le 26/01/1747, l'année où son père devenait capitoul.

► SA CARRIÈRE :
Pierre POURQUERY DE GARDONNE était donc avocat au parlement de Bordeaux. Il eut semble-t-il l'intention de se faire élire capitoul très vite après son mariage. Quelles étaient ses motivations ? une amélioration de sa condition ? une renommée accrue ? des avantages financiers? Quelles qu'en soient les raisons, il voulait vraiment devenir capitoul.
En effet dès 1741, il prit des dispositions afin de devenir éligible : en effet, pour cela, il y avait plusieurs conditions : d'abord être catholique, exercer une profession honorable (tel qu'avocat,...) : il remplissait ces deux premières conditions, mais il était aussi nécessaire d'avoir une résidence dans la ville de Toulouse et de prendre l'engagement d'y habiter durant son mandat. C'est pourquoi, il loua un appartement à Toulouse et déposa une demande d'habitanage. dont le texte suit (source Archives Municipales de Toulouse

L'an mil sept cent quarante et un et le douxième jour du mois d'octobre, je pierre pourquery avocat au parlement de bordeaux désirant faire à l'avenir ma résidence ordinaire dans cette ville de toulouse et ayant à cet effet loué un apartement dans la maison de monsieur Caranove ancien capitoul rue St Rome et étant instruit des réglements de ladite ville faits au sujet des personnes qui veulent acquérir le droit d'habitanage en icelle, je me suis volontairement soumis au payment de toutes les impositions personelles qui seront à l'avenir réparties sur les habitants de cette ville dans laquelle je promets de faire ma résidence ordinaire avec ma famille au moins six mois de chaque année pour pouvoir jouir dans le temps porté par les présents réglements des droits et privilèges dont jouissent les anciens habitants et de faire signifier aux consuls du lieu de liorac mon ancienne résidence, copie de ma présente soumission et d'en raporter dans quinzaine l'exploit de signification et me suis signé à Toulouse le onzième d'octobre mil sept cent quarante et un.
Cette soumission d'habitanage fut transmise à Liorac de façon un peu brutale par un huissier et on peut lire en marge du texte : "Soumission d'habitanage pour le sr pierre pourquery. La présente soumission a été signifiée au sindic de la paroisse de liorac par exploit du 17 octobre 1741 fait par chassaigne huissier controlé le même jour, lequel exploit a ensuite été retiré par mr caranove faisant pour mr pourquery."

Sa famille l'a-telle ensuite suivie à Toulouse ? C'est sans doute peu probable car une de leurs filles naquit à Liorac en janvier 1747. Néanmoins, après son année de capitoulat, il revint à Liorac et acheta plusieurs propriétés.


► DES INVESTISSEMENTS à Liorac :
On le retrouve ainsi faisant l'acquisition de maisons et domaines à Liorac. Par un acte du 21 août 1757 devant le notaire Boussenot, il acheta à Jean Pourquery, sieur de la Bernardie (une branche parente habitant le Vieux Liorac) deux maisons de maître dans le bourg de Liorac avec offices et jardins, un domaine appelé de Quigassel, le bordérage de la Pigne et de celui du Sorbier pour la somme de 22500# payable sur deux ans. Le capitoul était semble-t-il devenu riche. Ci dessous la signature sur cet acte.
Pierre Pourquery de Gardonne mourut le 25 mai 1770 et fut inhumé dans l'église de Liorac. Son épouse, Françoise de Salignac lui survécut jusqu'en 1788. Son testament fit jurisprudence et donna lieu à plusieurs procès, mais ceci est une autre histoire...

1768, le temple protestant

@ Marie-France Castang-Coutou
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