Mariages à Liorac sous l'Ancien Régime

IV- LE CONTRAT DE MARIAGE ...
page mise en ligne le 6 juillet 2022.      
► AVANT LA CÉLÉBRATION, LE CONTRAT DE MARIAGE
Rappelons que le mariage était avant tout une affaire d'intérêt, rapprochant deux familles. Il était donc nécessaire d'officialiser devant notaire les accords passés verbalement entre les parents avant la célébration du mariage. C'était le but du contrat de mariage et toutes les familles étaient concernées, pas seulement les plus riches, car, autrefois, tous les habitants s'adressaient à un notaire pour tous les actes de la vie quotidienne.
Riches ou pauvres, tous passaient ce contrat devant notaire quelques jours avant la cérémonie religieuse.
 
Les contrats étaient tous rédigés suivant le même schéma :
▻ une en-tête avec la date et le sujet de l'acte
▻ le préambule, indiquant la date, le lieu (en général c'était le notaire qui se déplaçait chez une des parties concernées ou chez un notable). L'acte commence toujours par une invocation religieuse "Au nom de Dieu...", (la charge de notaire était réservée aux catholiques)
▻ ont été présents ...
Suivent les noms des futurs époux et leur filiation : le père est cité parfois avec la mention de son métier, mais pas toujours la mère.
Dans le cas du décès du père, le futur ou la future est assisté d'un parent, un aieul ou un frère.
▻ vient ensuite la promesse de solemniser le mariage en "fasse" (sic) de notre Sainte Mère l'Église Catholique Apostolique et Romaine, quand l'un ou l'autre en fera réquisition.
▻ le détail des biens apportés par les futurs époux : des biens provenant d'un héritage,en particulier lorsque l'un des parents est déjà décédé, des sommes d'argent données par les parents et quelques objets mobiliers : tout est détaillé et évalué. ▻ puis les conditions de vie du futur couple en particulier s'il pourra vivre avec l'une des familles
▻ puis, alors qu'ils ne sont pas encore mariés, parfois des clauses spéciales sont prévues dans le cas du décès de l'un ou de l'autre des futurs conjoints.
▻ L'acte se termine par les noms du notaire et des témoins avec les signatures
Il est difficile de retrouver des contrats de mariage anciens à cause des énormes lacunes dans les minutes notariales aux Archives Départementales. Par exemple, les minutes des deux notaires royaux de Liorac - ROUSSEL et MAZET - ont disparu. Mais il est possible d'en trouver quelques uns passés par devant des notaires qui exerçaient non pas à Liorac, mais dans les environs en particulier à Cause de Clérans, Ci dessous trois exemples de contrats passés dans des milieux sociaux différents, en 1763 et 1764 devant Me CHANUT, notaire à Cause de Clérans.
 
21 janvier 1763 Pierre VALETON journalier et Magdelene BARTHOLOMOT
Le contrat de mariage indique la filiation des deux futurs (contrairement à l'acte de mariage du 9 février dans l'église de Cause qui ne le pécise pas):
- Pierre VALETON est journalier comme son père Jean Valeton. Sa mère est Thoinette Mournet. Ils vivent tous trois au Bournat parroisse de Cause.
- Magdelene BARTHOLOMOT est fille de Mathieu et de feu Marguerite Garrigue. Elle vit avec son père au village des Coutous parroisse de Cause.
La future se constitue les biens qu'elle a hérité de sa défunte mère. Son père lui donne un lit, un coffre de menuiserie neuf 15#, une couette et la somme de 6# pour acheter de la plume pour la garnir, trois linceuls , deux d'étoupe et l'autre de bourradis, une nappe faite en treillis, le tout neuf, un pot de fonte de fer sans couvercle de la valuer de 50 sols, une cuillère, une faucille, un sac de froment, le tout payable le jour de la bénédiction nuptiale.
Pierre Valeton, père du futur, propose au couple de demeurer dans la maison, en compagnie dudit Valeton et Mournet père et mère, d'y travailler, les dits parents les nourissant et les entretenant eux et leur famille.


12 janvier 1764 André CHANET journalier du bourg de St Sauveur et Léonarde LOUBIAT du bourg de Liorac.
Le contrat fut passé au bourg de Liorac, Me CHANUT, notaire Royal s'était déplacé depuis Cause et était venu chez les Loubiat ou peut être chez un notable du bourg (comme le suggère la signature sur le contrat de Pierre de Pourquery de Gardonne, l'ancien capitoul):

Là encore la filiation des futurs est indiquée:
- André CHANET, (né en 1743 à St Sauveur) fils de Charles CHANET journalier et de feue Thoinette ARNOULD (mariés en 1738, l'épouse est décédée en 1747 à 34 ans dans le bourg de St Sauveur)
- Léonarde LOUBIAT, (née en 1741 à Liorac), fille de Pierre LOUBIAT et de Anne CHANTEGREIL (mariés à Liorac en 1740) habitant tous trois au bourg de Liorac.
Le futur époux se constitue ses biens de droit (il s'agit d'une part de l'héritage de sa mère à partager avec les nombreux autres enfants et en tenant compte de l'usufruit revenant à son père).
Les parents de l'épouse ont donné à leur fille : la somme de 250# (70# le jour de la signature et le reste payable en trois ans, en 3 parts égales : on perçoit ici la charge pour une famille pour marier une fille !).
un lit avec sa couette garnie de plume commune (35#) et deux linceuls d'étoupe à demi usés et deux serviettes. Le mariage a eu lieu quelques jours plus tard dans l'église de Liorac.


6 juin 1764 Etienne BASSET clerc, de Liorac et Catherine COUTOU de Cause de Clérans
Les futurs époux : - Etienne BASSET, clerc, né à Liorac en 1741 à Filolie, fils de Jean Basset laboureur et d'Isabel CHASSAIGNE (mariés à Liorac en 1739, on peut noter que la famille CHASSAIGNE a comporté plusieurs notaires et sergents royaux et des clercs.)
- Catherine COUTOU, née à Cause de Clérans en 1743, fille d'Elie COUTOU sr de la Bouygue et de Marie CHANUT.
Les parents de l'épouse constituent à leur fille la somme de 500# de capital (du chef du sr Labouygue père la somme de 400# et de la dite Chanut de 100#), payables en quatre ans. La future épouse se constitue la somme de 330# à elle léguée par testament de feu Pierre DOUAT (?)du 3 juin 1731. Au total la somme engagée est de 830# (ce qui est une somme considérable).
Le père du futur fait don d'un petit borderage avec toutes ses dépendances, situé à la Bitarelle paroisse de St Sauveur, se réservant seulement la moitié de la vigne.
Il propose au futur couple de venir demeurer en sa maison, d'y travailler de leur possible, le père les nourrissant et les entretenant eux et leur famille.

... LE CAS PARTICULIER DES PROTESTANTS

@ Marie-France Castang-Coutou
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