Mariages à Liorac sous l'Ancien Régime

II- EMPÊCHEMENTS et DISPENSES ...
page mise en ligne le 6 juillet 2022.      
A cette époque, l'Église fixait des cas d'empêchement au mariage qu'elle seule pouvait lever.
Ces empêchements étaient liés :
◊ à une parenté de sang (consanguinité),
◊ à une parenté par alliance,
◊ ou à une parenté spirituelle.

Ces empêchements n'étaient pas incontournables car il était possible de demander et d'obtenir des dispenses, moyennant finance, soit auprès de l'Evêque du diocèse, soit en "cour de Rome" directement auprès du Pape pour les parentés les plus proches.
 
empêchement de parenté (ou de consanguinité) , c'est à dire que les fiancés avaient un ancêtre commun. Depuis le Concile de Trente (autour de 1550), l'Eglise interdisait les mariages entre individus avec d'un lien de parenté jusqu'à la 4ème génération : par exemple un arrière-arrière-grand-parent commun, c'est à dire un ancêtre qui avait vécu environ 100 ans avant. Ce type d'empêchement était fréquent pour les mariages dans les familles nobles déjà très souvent alliées et imbriquées : Valleton, Babut, Bouthier, Burette, Lespinasse...
Comme on peut facilement l'imaginer, ces dossiers de demandes de dispenses pour consanguinité étaient difficiles à rédiger sauf dans le cas de familles éduquées qui tenaient "un livre de raison" où étaient consignés tous les évènements concernant la famille et qui conservaient soigneusement tous les papiers. Le curé de la paroisse se chargeait en général d'établir le dossier avec un arbre généalogique expliquant la parenté.

Le schéma ci-contre est une tentative pour expliquer le degré de parenté (noté par deux nombres indiquant pour chaque individu la génération par rapport à la souche commune) selon le Droit Canon régi par le Concile de Trente:
A partir d'un ancêtre commun (A0),
le premier degré correspond à ses enfants (IA et IB), entre qui le mariage est bien sûr interdit.
le deuxième degré correspond à ses petits enfants (IIA, IIB, IIC, IID) qui sont donc entre eux cousins germains (parenté "du deux au deux"). Les mariages au 2nd degré étaient interdits par le Concile de Trente, seul le Pape pouvait accorder une dispense pour un mariage entre cousins germains.
Pour les deux générations suivantes -3ème et 4ème degré de parenté- l'ancêtre commun est respectivement un arrière grand-parent (AGP), parenté du "trois au trois" ou un arrière-arrière grand-parent (AAGP) (parenté du "quatre au quatre"). Les mariages à ce niveau impliquaient obligatoirement des demandes de dispense auprès de l'Evêque du diocèse et n'étaient pas financièrement accessibles à toutes les familles de Liorac. Un individu ne pouvait donc épouser sans dispense aucun des descendants de ses 8AGP et de ses 16AAGP.
Si on dévelope un tel arbre pour chaque futur conjoint, la probabilité de trouver un degré de parenté, même éloigné, était considérable dans une paroisse comme Liorac où toutes les familles étaient alliées. De plus, si on considère non plus une même génération (où les deux nombres indiquant la parenté sont les mêmes), mais des relations entre générations, on peut imaginer toutes les combinaisons intermédiaires du type "du deux au trois" (l'individu IIB est parent du 2e au 3e degré avec la fille IIIC de son cousin germain IID), du "trois au quatre"( par exemple IID et IVC)... Un vrai casse-tête pour dénicher un futur conjoint sans aucune parenté.

Voici quelques exemples de mariages frappés d'empêchement de consanguinité trouvés à Liorac :
■ le 30/01/1703 , Jean de LESPINASSE procureur d'office de la juridiction de la Force, du bourg de Brey de la paroisse de St Pierre d'Eyraud, âgé de 42 ans épouse à Liorac demoiselle Rachel VALLETON du village de Carrieux âgée de 28 ans. Elle était fille de David VALLETON sieur de Lauberie et de demoiselle Jeanne PREVOST. Mais les deux fiancés étaient parents du 2e au 3e degré (un individu est parent du 2e au 3e degré avec la fille de son cousin germain). Seul le Pape pouvait accorder une dispense pour ce degré de consanguinité, la demande en cour de Rome fut donc envoyée et la dispense arriva le 13 janvier 1702 attestée par Messieurs les banquiers expéditionnaires de la cour de Rome.
■ le 07/01/1704, Jean BURETTE, clerc, du village de la Rafigne, âgé de 28 ans, fils de François et de Anne BURETTE épouse Jeanne BURETTE, âgée de 30 ans, fille de Jacques Burette et de Anne VALLETON avec une dispense du pape pour 2ème au troisième degré de consanguinité de deux côtés obtenue en octobre 1703.
Un peu plus tard :
■ le 07/09/1717, Josué de BABUT, sieur des Merles, de la maison noble des Merles paroisse de St Cibart épouse Marthe VALLETON avec une dipense de sa Sainteté le Pape pour un empêchement du second au troisième degré de consanguinité (ce que note note le curé, mais ils étaient en fait cousins germains)
■ le 15/10/1761, Jean de BOUTHIER sieur de Logerie, habitant au village de la Rafigne, épouse demoiselle Henrye VALLETON du village de la Tissanderie après avoir obtenu dispense de sa Sainteté du 3ème degré de consanguinité et du 3ème degré d'affinité en date du 4 août.
Le motif de consanguinité n'était pas le seul cas d'empêchement au mariage projeté, il fallait également considérer les parentés par alliance :
empêchement d'affinité (parenté par alliance) :
les futurs conjoints sont liés par une parenté par alliance découlant d'un précédent mariage : les parents de consanguinité de celui ou de celle avec qui l'on a été marié sont devenus parents d'affinité du futur conjoint (comme s'ils étaient effectivement ses propres père, mère, frères, soeurs ou cousins) : ainsi un homme ne peut épouser sans dispense la soeur de son épouse décédée. Cette parenté nécessitait des dispenses jusqu'au quatrième degré inclus.
C'est dire que parfois ce lien n'était pas connu ou pouvait être oublié conduisant à l'annulation du mariage .
Ce fut le cas en février 1739 : Pierre DAUNAT journalier au Vieux Liorac épouse une fille "étrangère" à la paroisse, Catherine VIÉ, de la paroisse St Christophe de Villac (hameau près de Bergerac). Malgré l'attestation du sr Gontier de Biran curé de St Christophe, un empêchement d'affinité fut découvert après la célébration du mariage en février. Le curé de Liorac n'était pas content : Il célèbre le mariage en avril "ayant découvert un empêchement d'affinité au troisième degré, ayant obtenu dispense depuis leur "prétendu mariage" (en février), de Mgr Machus de Prémieaux évêque de Périgueux, je leur ai donné la bénédiction nuptiale "

empêchement d'affinité spiriruelle
liée à un baptême : entre parrain, marraine , filleul et leurs parents: celui ou celle qui a tenu un enfant sur les fonds baptismaux, contracte avec l'enfant une affinité qui le rend comme son père ou sa mère, et contracte en outre une autre affinité avec les père et mère du nouveau né.




Publication des bans et mois du mariage

@ Marie-France Castang-Coutou
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