Lorsque le tocsin sonne en août 14, annonçant la guerre, les hommes sont résignés, sachant que "cela devait arriver", les femmes pleurent et sont inquiètes devant la perspective des malheurs et des temps difficilesS . Pourtant tous pensent que la guerre sera courte et qu'une victoire rapide rendra à la France l'Alsace et la Lorraine territoires perdus par la défaite de 1871. La propagande de guerre conforte les esprits dans l'idée d'une guerre juste et un grand élan patriotique mobilise les soldats et à l'arrière, les femmes et les enfants qui doivent contribuer à l'effort de guerre.
dans les campagnes, les femmes remplacent les hommes dans les champs :
Les hommes mobilisés laissent les moissons en cours et partent vers les casernes.
Dès le 7 août, le Président du Conseil René Viviani adresse un vibrant appel aux femmes et aux enfants (le Figaro du 7 août 1914).
Les femmes doivent assurer la relève pour nourrir leur famille, approvisonner les villes et surtout les soldats du front :
"Debout, donc, femmes françaises, jeunes enfants, filles et fils de la Patrie ! Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez vous à leur montrer demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées et les champs ensemencés !"
Les femmes reprennent l’exploitation agricole en l’absence de leur père, de leur frère ou de leur mari mobilisé.
L’annonce de la mobilisation s’accompagne de réquisitions : des moyens de transports (voitures), des chevaux pour tirer les canons, mais aussi des bovins pour nourrir les troupes.
Ces réquisitions de bovins plongent les femmes dans une situation encore plus difficile : elles sont privées de moyen de transport pour les récoltes et de moyen de traction pour cultiver les champs puisqu'en Dordogne les boeufs, plus que les chevaux, étaient utilisés comme animaux de trait.
La carte postale ci-contre illustre cette situation tragique : trois femmes se sont attelées à une charrue et peinent pour labourer leur champ.
Nourrir tous les jours plusieurs millions de soldats constitue pour l'Intendance de l'Armée un véritable défi. La consommation de bovins est considérable et dès la fin de l'année 1914, le Président de la Société d'Agriculture de la Dordogne exprime son inquiétude, dans le Journal de Bergerac, pour l'avenir du cheptel bovin du département qui sera essentiel pour le travail du sol et qui n'aura pas eu le temps de se renouveller. Il suggère un changement de menu et la consommation à la place de la viande de boeuf, de porcs gras ou de moutons faciles à élever.
Les bras manquent cruellement pour les gros travaux des champs : les permissions sont rares, et comme en témoigne un article du 15 mai 1915 paru dans le Journal de Bergerac, l'aide apportée aux femmes qui assument les exploitations sera vraiment minime...