Les sépultures des soldats
Morts pour la France

Page mise en ligne le 22 décembre 2018 .      
Après le soulagement de la signature de l'armistice le 11 novembre 1918, les familles ont cherché à rendre hommage à leurs Morts, à retrouver leur corps et à ramener leur dépouille. Mais beaucoup de soldats n'avaient pas pu être identifiés à cause de la violence des combats, de la difficulté à aller chercher ceux tombés entre les lignes, des obus qui labouraient la terre enterrant les corps et surtout à cause de la quantité épouvantable de Morts que l'on devait très vite ensevelir pour éviter les épidémies dans les cimetières des villages voisins et le plus souvent dans des fosses communes. Les familles n'avaient pas de tombes sur lesquelles se recueillir puisque très peu de corps avaient été retrouvés, identifiés et rapatriés.
La carte suivante indique les lieux de décès des Morts pour la France inscrits sur le Monument ou dans l'Eglise de Liorac : à l'exception de Marius Roussel, mort dans un hôpital de l'arrière, ils sont tous décédés dans la zone des armées, au Nord, Nord-Est de la France. Pendant plusieurs mois, la circulation fut interdite dans cette : un immense travail fut engagé pour regrouper les soldats tués, les exhumer, procéder à leur identification, et les ensevelir à nouveau dans des tombes décentes et bien identifiées. Le but était de prévenir les familles de l'endroit où leur proche avait été inhumé.

les moyens d'identification : au début de la guerre, chaque soldat portait une plaque d'identification qui en cas de décès devait être remise avec le livret militaire à l'officier d'Etat Civil. Mais souvent les camarades de combat laissaient la plaque sur le cadavre pour préserver l'identité du corps. Aussi en 1915, une deuxième plaque d'identité fut distribuée aux combattants. Elle était souvent portée au poignet. Voici un exemple d'un modèle de plaque transmis par Alian Warmé, l'un de mes correspondants que je remercie ici. Les "trous en pointilés" devaient permettre de découper la plaque en deux, un morceau restant attaché au défunt et l'autre servant aux relevés d'Etat Civil.


Mais malgré ces plaques et à cause des difficultés de gestion des champs de bataille, une grande quantité de morts est restée non identifiée à la fin de la Première Guerre mondiale.
 
Les familles souhaitaient avant tout rapatrier les restes de leur proche pour les ensevelir dans les tombes familiales dans le cimetière communal, mais ce transfert, interdit jusqu'en 1922 (le gouvernement déposa en effet un projet de loi le 4 février 1919 interdisant le transport des corps des militaires pour un délai de trois ans à compter du 1er janvier 1919). Ce long délai fut très mal perçu par les familles. Passé ce délai, le transport des corps fut autorisé après de multiples complications administratives.
Dans le cimetière de Liorac, seules cinq tombes mentionnent le nom d'un soldat Mort pour la France, mais cela ne veut pas dire que le corps a effectivement été ramené à Liorac :
■ deux tombes correspondant aux frères FAVARD, très modestes sans monument et sans mention.
■ la tombe de la famille RAMBAUD, avec l'inscription :"A notre frère J.Chort disparu au champ d'honneur" (sa mère était Jeanne RAMBAUD). Longtemps une petite photo a orné la plaque du souvenir, mais le temps l'a maintenant effacée.

■ la tombe de la famille ROUSSEL avec l'inscription :"Famille Roussel, Marius 20 ans, Mort pour la France". Il est très possible que son corps ait pu être rapatrié puiqu'il n'était pas mort dans la zone des armées mais à l'arrière.
■ Quant à Louis AUBARD, il repose effectivement dans la tombe de Liorac, : j'ai en effet retrouvé aux Archives Départementales de la Dordogne (3R10), les détails du retour du corps : transporté par train spécial (34e convoi) depuis Brienne le Château (dans l'est) à la gare de Saint Sulpice de Laurière (Haute Vienne), puis arrivé à la gare de Périgueux le 30 mai 1922, soit 6 ans après son décès.


Sa mère a fait faire une plaque ornée de la Croix de Guerre reçue à titre posthume, indiquant "Ici repose mon fils Louis Aubard, caporal au 80e RI, Mort pour la France le 20 août 1916 à Fleury Souesmes. Priez pour Lui"

@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)