Depuis 1905, les filles vont à l'école. Au début de la guerre, les femmes mariées savent donc lire et écrire. Et pour la première fois, elles pratiquent une correspondnce régulière avec "leurs" soldats, père, frère ou mari. La correspondance bénéficie de la Franchise Postale, mais la censure existe et les soldats ne peuvent donner de détails sur leur vie ni sur l'endroit où ils se trouvent.
L'angoisse d'une mauvaise nouvelle apportée par un télégramme ou par le Maire, s'ajoute aux charges de travail auxquelles elles doivent faire face. Cependant elles doivent toujours garder un visage serein et rassurant devant les enfants. Tous les jours elles guettent le facteur et dès qu'elles ont un petit moment écrivent donnant au soldat des nouvelles des parents, enfants et amis et de la vie quotidienne.
la correspondance :
En 1914, l'écriture d'une lettre n'est plus réservée à la bourgeoisie comme c'était encore le cas au XIX
ème. La guerre intensifie les échanges épistolaires et la correspondance devient une pratique massive entre les femmes et les soldats de leur famille, d'autant que
la franchise postale est instaurée pour les correspondances entre les soldats mobilisés et leurs familles. La lettre est leur seul lien avec la vie "d'avant" : la rédaction comme l'arrivée du courrier sur le front et dans les tranchées donnent quelques minutes aux soldats où ils oublient la guerre et les horreurs qui les entourent et où ils replongent dans leur vie passée.
A l'arrière, chaque lettre est un soulagement pour la famille qui la reçoit: "Il est en vie!" ou plutôt "il était encore en vie le..."
le service postal :
L'acheminement d'une aussi grande quantité de courrier (lettres et paquets) requiert une lourde organisation de l'administration des Postes. Quand la guerre commence cette administration n'est pas prête à transporter un courrier aussi abondant : en effet l'école de Jules Ferry a éduqué filles et garçons, et le nombre de missives envoyées par les soldats mobilisés à leurs familles et inversement est considérable ! Le courrier s'entasse et les familles angoissées sont sans nouvelles de leur soldat alors que l'on apprend très vite que les pertes des premiers jours sont terribles.
L'organisation du service postal se met en place, des auxilliaires féminines sont embauchées pour trier le courrier, mais il est parfois difficile de localiser le destinataire de la lettre lorsque les régiments se déplacent.
A la fin de l'année 1914, les familles envoient des paquets pour Noël, mais le transport des colis pose encore problème. Ainsi le Journal de Bergerac du 16 décembre 1914 évoque les difficultés d'acheminement des colis vers les trois régiments de Bergerac, le 108e RI, le 308eRTI et le 96eRTI : le 108eRI était un régiment d'infanterie (RI)de l'armée active , composé des plus jeunes soldats et les deux derniers des régiments d'infanterie territoriale (RTI) où étaient affectés des hommes plus âgés considérés comme plus assez entrainés pour combattre en première ligne.
la censure :
Le contrôle postal, mis en place en juillet 1915, limite les échanges entre le soldat et sa famille : A partir de cette date, il lui est interdit de préciser ses positions, au risque d'informer l'ennemi, et de raconter les conditions de vie des poilus.
De plus,sachant que sa lettre peut être lue, le soldat évite des phrases trop intimes et souhaite surtout rassurer ses proches. Ainsi, les cartes de correspondance ne donnent qu'un minimum d'informations élémentaires concernant la santé ou le temps !