Des Lioracois du 108e RI de Bergerac
pendant la grande guerre
Bergerac ville de garnison, hébergeait le 108ème Régiment d'Infanterie dans lequel ont été incorporés de nombreux conscrits de Liorac. En voici plusieurs qui ont été blessés ou même tués pendant les combats auxquels a participé le 108eRI. L'historique du Régiment permet de retrouver les circonstances de ces évènements.
GUERRE DE 14-18 :

Les "poilus" de Liorac
Qui a fait la guerre de 14 à Liorac ?
La fiche matricule.
Les obligations militaires.
Les liens utiles.
Août 1914 : la mobilisation générale.
Le 108e RI de Bergerac.
Des Lioracois du 108e RI.
Les Morts pour la France (MPLF) de Liorac.
MPLF non inscrits sur le Monument aux Morts de Liorac
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Page d'accueil des soldats de Liorac.
Lettres de poilus de Liorac
Photos de poilus de Liorac.
Centenaire de l'armistice de 1918: EXPOSITION "les Poilus de Liorac"
Le couple pendant la guerre
Les cartes postales de guerre

Les femmes pendant la guerre
Les femmes reprennent l’exploitation agricole.
En famille ou à l'usine, elles remplacent les hommes.
Les femmes et la correspondance.

Les enfants pendant la guerre
Une culture de guerre destinée aux enfants.
Le rôle de l'école.
Les enfants de Liorac impliqués dans l'effort de guerre.
Enfants de Liorac "adoptés par la Nation".


Deux Lioracois du 108eRI ont été, l'un blessé et l'autre tué lors de la campagne d'Artois en septembre 1915 dans des lieux très proches :
régner chort né à liorac en 1878
blessé le 24 Septembre 1915 à Neuville-Saint-Vaast
blessé par balle à la jambe droite au Labyrinthe (position allemande fortifiée et enterrée à Neuville-St-Vaast près d'Arras).
jean chaverou né à liorac en 1881
tué LE 25 Septembre 1915 à Ecurie
Citations : Soldat courageux et plein d'entrain, tombé glorieusement pour la France le 25 septembre 1915 à Ecurie en se portant vaillamment à l'attaque des positions ennemies. Décorations : inscrit au tableau spécial de la médaille militaire à titre posthume. Croix de guerre, étoile d'argent.

L'historique du 108e RI permet d'imaginer les épreuves qu'ont traversées ces soldats :
Relevant le 24 juillet (1915) le 71eRI, le 108eRI occupe un secteur de 800 m entre le village d'Ecurie et le cimetière de Neuville-Saint-Vaast. Jusqu'à l'offensive du 25 septembre (1915), la vie du régiment n'est autre que celle de toute troupe en secteur : 4 jours dans la tranchée avancée, 4 jours en seconde ligne, 8 jours au repos dans quelque village encombré et pouilleux, voilà le roulement; puis, le cycle révolu, on recommence. Sous un bombardement continu, il faut tracer des parallèles de départ, pour permettre aux troupes d'assaut de partir face à leurs objectifs dans les meilleures conditions de rapidité et de cohésion, chaque parallèle étant pourvue de gradins de franchissement.
En arrière, des places d'armes pour y rassembler à couvert, aux points convenables, les soutiens et les réserves. Des voies de communication, des organes de liaison, des dépôts de vivres, d'eau, de munitions, d'artifices, d'outils, des aménagements pour l'évacuation des blessés, sont créés de toute pièce.
Dans ces lieux où l'on travaille et où l'on meurt, la besogne des fantassins est de plus en plus atroce. Les tranchées se touchent presque en certains endroits ; saillantes et rentrantes, les lignes s'enchevêtrent souvent. Des points de friction se sont formés qui s'élargissent comme des ulcères. Aussi, le 20 août, le commandant de la 47e brigade rendait hommage au zèle et au dévouement dont le 108e RI, avait fait preuve durant son séjour aux tranchées : travail sans gloire, mais non sans danger!

Et puis, le 25 septembre 1915, l'offensive a lieu en Champagne et en Artois.
La 24e D. I., y prend part ; elle est sur place et va attaquer en partant du secteur où elle travaille depuis deux mois..../ Et c'est ainsi que les Ier (Commandant Colombier), et 2e bataillons (Commandant de Clavières) sont dans le chemin d'Ecurie à Neuville-Saint-Vaast, en arrière de la 48e brigade qui est massée dans les lignes de départ et de doublement. Leur mission est de nettoyer le terrain, d'appuyer l'action des régiments de tête et de couvrir le "flanc droit de l'attaque". Le 3e bataillon (Commandant Lafforgue) est en réserve. L'action commence à 12 heures 25. Mais la résistance de l'ennemi est acharnée; elle empêche la 48e brigade de progresser jusqu'à l'objectif fixé, cependant que la 8e Cie (lieutenant Laborde) et la section de mitrailleuses du lieutenant Dupuy prêtant appui au 306e RI, occupent seules la partie de tranchée allemande conquise avec lui. Le 26 septembre, tous les éléments du 108e RI, ont été dirigés, avant le lever du jour, au nord de la route Neuville-les-Tilleuls, pour attaquer, à 17 h. 30, la tranchée des « Cinq Saules », qui court en avant de ce village. Ce mouvement de roquage vers le nord a été extrêmement long et pénible ; le terrain est détrempé, les boyaux sont encombrés. Le temps a été si parcimonieusement calculé que le lieutenant colonel Naugès décide de faire partir ses unités à l'attaque des emplacements en arrière qu'elles occupent et de faire passer les vagues par-dessus les tranchées occupées par nos troupes. A l'heure fixée, en effet, le 1er bataillon (Commandant Colombier), débouche magnifiquement en deux vagues ; il en est de même du 2e (Commandant de Clavières), puis du 3e (Commandant Lafforgue), qui se portent en avant, au pas, alignés comme à la parade. Mais la progression générale est arrêtée par un fort réseau de fils de fer, défendu par un feu très vif de fusils et de mitrailleuses, qui forcent les bataillons à s'organiser, la nuit, sur les positions conquises. Ses pertes avaient été aussi sévères qu'il y avait eu de courage dépensé ! La résistance allemande avait été plus forte qu'il était permis de le penser. Aussi, le Commandement, avare de ses défenseurs, arrêtait-il toute opération offensive et le régiment allait cantonner, le 28, à Agnez-les-Duisans ; le 29, à Noyelle-Vion; le 2 octobre à Grand- Rullecourt et Ayesnes-le-Comte. C'est le 6 octobre que le 108e remonte dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast, qu'il ne quittera que le 15 mars 1916.
Il faut se résignera l'évidence: la guerre de position, la guerre de siège s'installe, la guerre de mines va battre son plein, l'hiver vient. Ils sont là, les fantassins, emmurés dans la géhenne, obsédés par l'odeur macabre, sans rien qui les réconforte, sinon le sentiment que la misère de chacun est la misère de tous. Pour horizon, la haute paroi qui suinte ou, s'ils osent parfois regarder par une fente entre deux sacs de terre, c'est l'horreur du paysage immobile où seuls semblent vivre les cadavres qui se dissolvent. Quand vient la pluie ou la neige, quelques-uns, les privilégiés, s'abritent sous un pan de tôle ondulée ; la plupart, encapuchonnés de sacs vides en grosse toile, se tassent les uns contre les autres ; leur âme, pleine de torpeur, s'engourdit ; seule y vacille la double pensée de la mort et du devoir. Le devoir, c'est d'accomplir la corvée de gabions ou de rondins; c'est de tresser les claies, c'est de maintenir les boyaux ; c'est aussi d'écrire à la maison le bout de lettre qui dira : « Rien de nouveau, tout va bien », et c'est encore de prendre son tour de garde au créneau. Là, il faudra, de quart d'heure en quart d'heure, déplacer sa tête de quinze centimètres pour regarder ; en le faisant, chaque soldat a appelé la mort et chaque fois accompli un beau fait d'armes, mais nul ne le sait que si l'on est tué!
Le devoir, ce n'est pas seulement de peiner dans la tranchée; souvent, il faut en sortir pour les besognes journalières et aussi pour se battre.
Durant des jours, français et allemands se disputent à la grenade l'accès d'un boyau, séparés seulement par une pile de sacs à terre ; les cadavres des défenseurs viennent étayer un à un la pile sanglante. Ailleurs, les lourds projectiles à ailettes des minenwerfer cheminent à grand bruit dans l'air et ravagent nos tranchées. Remonter par les boyaux, sous les shrapnels, où les terres s'éboulent quand le barda, les marmites à soupe, le rouleau de fil de fer, se heurtent aux parois et qu'ils butent et s'enfoncent dans la boue, entre deux caillebotis, et qu'il faudra le passage d'un camarade pour les tirer de ce mauvais, pas : c'est aussi le devoir du jour !
La nuit, dans le grand silence, dans le bruit des explosions, les soldats écoutent, l'oreille collée au sol, sonner le pic des sapeurs ennemis; ou bien, attendant que les nôtres aient achevé de tramer leurs réseaux, comptent les heures et les minutes jusqu'à l'instant : un bruit obscur qui ondule, le terrain qui se boursoufle, les postes d'écoute qui croulent, un nuage de terre et de chaux qui jaillit, sur quoi s'abattent ensemble les feux des deux artilleries, sur quoi s'élancent les fantassins allemands et les nôtres ; l'entonnoir s'est creusé et jour et nuit, à coups de grenades, ils s'en disputeront les lèvres. Chemin de Neuville la Folie, B4, B6, dix fois perdus, dix fois reconquis : c'est en ces entonnoirs sacrés, aux noms déjà lointains, que nos soldats devenus pionniers et mineurs révélèrent à l'Allemagne une vérité jusqu'alors ignorée : qu'elle ne devait pas redouter seulement la fougue des Français, mais encore, et bien plus, leur ténacité paysanne. Le 1er mars, la 28 section de la 8e Cie, qui s'était particulièrement distinguée, était citée à l'ordre de l'Armée : « Désignée le 1er mars 1916 pour participer à la prise « d'un entonnoir de mine, est montée à l'assaut sans hésitation ni flottement, avec un allant remarquable, bien « qu'ayant eu une partie de son effectif enseveli à la suite de l'explosion ».
Après avoir repoussé, le 4 mars, une dernière attaque, le régiment était relevé le 5 et gagnait, par Aubigny, Moncheaux, Vacquerie, Vacqueriette, Hesdin où il s'embarquait le 16, pour Montdidier.

Après toutes ces épreuves, il restait à en affronter une autre, peut être plus terrible encore : l'attaque par les gaz.
LE SOUS SECTEUR MAGORD (12 juillet au 5 octobre 1917) :
Enlevé en camions, le 11 juillet, et transporté à Suippes, le régiment relevait, dans la soirée du 12, le 358e RI, dans le sous-secteur Magord. Le 108e l'a quitté il y a trois mois, après la bataille : que de souvenirs en y revenant ! Pendant les trois mois qu'il va y passer, le régiment organise le terrain, crée des abris habitables, surveille attentivement l'ennemi par des embuscades, patrouilles, car celui-ci est actif, mordant. Le 26 juillet, le 108e repousse un coup de main exécuté par 65 hommes du 99e régiment: 18 tués, dont l'officier, et trois blessés restent entre nos mains. Son adresse, sa vigilance, sont récompensées, car les prisonniers faits sont tous d'accord pour révéler les préparatifs d'une grande attaque par les gaz, sur tout le front du corps d'armée.
Le dossier de l'attaque ennemie projetée finit même par tomber entre nos mains et l'on y voit que tout y a été prévu pour qu'à la suite des vagues de gaz, l'allemand puisse venir chercher et emmener rapidement chez lui: armes, vivres, munitions, jusqu'aux canons, jusqu'aux « Français éventuellement encore vivants », dit le texte, pour qu'ils puissent étudier les effets de leur poison. Ils avaient donné à cette opération le nom poétique de « Sommerernte », « la Moisson d'été ». Quel contraste incroyable de poésie et d'horreur ! de sentimentalité et de mort ! de choses douces et de poison! dans cette expression idyllique employée par des barbares. Dès que nous sommes prévenus, une artillerie de tous calibres est amenée rapidement, qui broie leurs lignes, démolit leurs abris et leur fait enlever la hâte leurs bouteilles et leur installation de gaz, ainsi que le confirmaient deux prisonniers faits le 12 septembre. Le 5 octobre, le régiment est relevé du secteur de SaintHilaire et se rassemble, le 6, au camp des Echelons pour arriver le 8, aux camps de Lhery et de Lagery, près de Ville-en-Tardenois, où il séjournera jusqu'au 19 novembre, date à laquelle il fait mouvement vers Dormans, afin de s'embarquer, le 20 novembre, pour l'Italie.

Enfin, un exemple parmi les soldats réformés ou classés dans les services auxiliaires avant la guerre et "récupérés" pour le service actif par une commission de réforme après le début des hostilités :
georges paul allemandoux, né à Liorac en 1882
avait été classé dans les services auxiliaires à cause d'une taie centrale de l'oeil gauche. Reclassé dans le service armé par la commission de réforme de Bergerac le 11 septembre 1914, il fut affecté au 108e RI Bergerac et effectua une grande partie de la guerre aux armées,du 6 juillet 1916 au 11 mars 1919.
@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)