Enfants de Liorac "adoptés par la Nation"

la Première Guerre mondiale s'est soldée par une véritable hécatombe pour la population masculine française : plus d'un million de soldats "Morts pour la France", presque 6 millions de blessés et plus d'un million d'invalides. Après la disparition du chef de famille, les veuves et les orphelins se trouvent dans des conditions matérielles très difficiles. Les bureaux de bienfaisance des communes aident les familles mais très vite l'État prend des mesures pour leur assurer les ressources nécessaires :
La mention "Mort pour la France", créée par la loi du 2 juillet 1915, est attribuée dès lors que la preuve est rapportée que le décès est imputable à un fait de guerre, que ce décès soit survenu pendant le conflit ou ultérieurement. Les veuves reçoivent alors des secours. Souvent il n'est pas possible d'apporter la preuve matérielle du décès (cas d'un soldat disparu) et c'est un tribunal qui doit trancher en fixant une date et un lieu de décès et l'attribution de la mention "Mort pour la France". Ces actions juridiques prennent du temps, les tribunaux sont surchargés, et il n'est pas rare d'observer un décalage de plusieurs années entre la date de disparition et le jugement du tribunal. En attendant les familles ne touchent pas de pension !
La qualité de pupille de la Nation a été instaurée en France le 27 juillet 1917 pour les enfants dont le père a été tué ou blessé pendant la guerre. Les enfants bénéficient de subventions assurant leur vie courante, les soins et les études jusqu'à leur majorité.  
 

Sur les registres d'Etat Civil on trouve neuf enfants nés à Liorac "adoptés par la Nation".
Ce sont, par ordre alphabétique :

BRUEL Madeleine née le 08/06/1910 à la Roche, commune de Liorac, fille d'Antoine BRUEL et de Marguerite POMEYROL. Elle fut adoptée par la Nation par jugement du tribunal civil d'Aurillac le 16-10-1920.
Son père Antoine BRUEL, né à Bordeaux en 1883, marié à Monvert (Cantal) en 1905, soldat au 144e< RI, est décédé à l'Hôpital mixte d'Aurillac le 13 octobre 1917 des suites de maladie contractée en service et déclaré "Mort Pour la France". Un secours immédiat de 150F a été versé aux ayant-droits (cf fiche matricule au recensement Bordeaux, matricule 2925 classe 1903)

BORDAS Emilie née le 21/11/1910 au lieu des Roumégoux, commune de Liorac, fille de Léon BORDAS et de Marie Jeanne BOURNAZEL métayers. Elle fut adoptée par la Nation suivant jugement du tribunal civil de Bergerac le 11-04-1919.
Son père, Léon BORDAS, né à Douville le 6 mars 1884, marié le 30 janvier 1909 à Cause de Clérans, "Mort Pour la France" le 28 août 1914 à Moislains (Somme) est inscrit sur le Monument aux Morts de Cause de Clérans.
Le Monument aux Morts de Liorac porte le nom de Frédéric BORDAS "Mort Pour la France" le 10 mai 1915 à Notre Dame de Lorette (Pas de Calais): il était fils de Louis BORDAS et Justine ESCAT alors que Léon BORDAS était fils de Julien Bordas et de Cécile ESCAT. Les deux soldats étaient cousins et ont tous les deux donné leur vie pour la Patrie au cours des combats dans le nord de la France : Léon Bordas avait 30 ans et Frédéric Bordas 24.

DESPLAT Gabriel né le 16/03/1913 à la Gasquie, commune de Liorac, fils de Elie DESPLAT cultivateur propriétaire et de Berthe VAYSSE domiciliés à la Gasquie. Il fut adopté par la Nation suivant jugement du Tribunal Civil de Bergerac le 17-10-1918.
Son père s'appelait en fait Simon (dit Elie) DESPLAT, né à Bergerac en 1881, brigadier au 52ème Régiment d'Artillerie, marié en 1907 à St Félix de Villadeix avec Berthe Vaysse, il mourut le 31 mars 1917 à Monthairons d'un accident en service et fut selon la loi, déclaré "Mort pour la France" et son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Liorac.

EYMAR Théodore né le 10/08/1906 au Sorbier, commune de Liorac Fils de Henri EYMAR et de Rose GONNARD, domiciliés au Sorbier. Il fut adopté par la Nation le 02-08-1919 par un jugement du tribunal de Bergerac.
Son père né en 1879 à Saint Georges de Monclard, marié en 1904 à Liorac, soldat au Régiment d'Infanterie de Bergerac, fut tué le 1er novembre 1918 à St Quentin le Petit dans les Ardennes (date fixée par jugement du Tribunal de Bergerac du 31-12-1921, l'acte de décès fut transcrit à Ribagnac, village où il était domicilié) : son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de Liorac.

FARGUE Marcel né le 07/06/1908 à la Pigne, commune de Liorac fils de Marcel FARGUE et de Adrienne MANOUVRIER, domestiques domiciliés à la Pigne. Il fut adopté par la nation par jugement du tribunal civil de Bergerac le 17-10 1918.
Son père né en 1884 à Monsac, marié en 1907 à Cours de Pile, fut tué à Moislans le 28 août 1914, trancrit le 5 juillet 1920 à Cours de Pile, son nom est inscrit sur le Monument aux Morts Cours de Pile.

GERARDIN Marie Louise Nelly Michelle née le 18/06/1909 à la Ricardie, commune de Liorac fille de Pierre GERARDIN et de Jeanne Marie Nelly MILHOUA. Elle fut adoptée par la Nation par jugement du tribunal civil de Libourne le 19-07-1922.
Son père né en 1879 à Aigueperse, Puy de Dôme, marié en 1908 à Royan, ayant contracté une maladie en service, eut droit à une pension en 1922 et mourut en 1928 à Ste Foy la Grande. Il fut maire de Liorac de 1912 à 1921.
Remarque : d'autres enfants du couple, non nés à Liorac ont été également adoptés par la Nation à la même date.

CHORT Jeanne Simone née le 26/03/1913 au Trimouil, commune de Liorac, fille de Jean CHORT et de Jeanne UZÉ, fut adoptée par la Nation par un jugement du Tribunal Civil de Bergerac le 8-08-1918.
Son père, Jean CHORT dit Albert, né le 2 avril 1881 à Liorac, marié en 1912 à Liorac avec Jeanne UZÉ, mort pour la France le 7 novembre 1916 à Ablaincourt (Somme) (date fixée par jugement du tribunal de Bergerac du 24 mai 1918) est inscrit sur le Monument aux Morts de Liorac sous le nom de Chort Albert)
Un secours de 150F a été payé à Mme Vve CHORT le 31 mars 1917 avant que le Tribunal ne reconnaisse la mort de son mari.

JAUBERTIE Marthe née le 03/05/1914 à la Pigne,commune de Liorac, fille de Pierre JAUBERTIE et de Eugénie FROMENTIERE, fut adoptée par la nation par jugement du Tribunal Civil de Bergerac le 31-01-1919.
Son père Pierre JAUBERTIE, né en 1889 à Creysse, marié en 1913 à Cause de Clérans, "Mort pour la France" le 6 novembre 1917 à Veldhock en Belgique. Son acte de décès fut transcrit à Creysse le 15 novembre 1918 et son nom inscrit sur le Monument aux Morts de Cause de Clérans.

MENSAC Marie Agnès née le 06/08/1920 à la Bernarde, commune de Liorac, fille de Etienne MENSAC et de Anne TEILLET, elle fut adoptée tardivement par la Nation le 30-12-1932 (décision du tribunal de Bergerac).
Son père Etienne MENSAC était né en 1888 à Liorac : blessé, il fut fait prisonnier le 22 août 1914, interné au camp de Wittenberg en Saxe, rapatrié en 1919, il se maria à Liorac avec Anne Teillet et mourut le 29 novembre 1923.


sources consultées pour rédiger ces quatre pages sur les enfants pendant la guerre :
■ Les enfants du deuil, orphelins et pupilles de la Nation, Olivier FARON
■ La guerre des enfants 1914-1918, Stéphane Audouin-Rouzeau
■ La victoire endeuillée, Bruno Cabanes
■ Oublier l'apocalypse? , Thierry Hardier et Jean-François Jagielski
Archives Départementales de la Dordogne
Base de données des Morts pour la France, site de Memoire des Hommes

@ Marie-France Castang-Coutou
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