L'abbé Paulhiac

Quelques mois plus tard, Françoise de Salignac s'éteignit dans le bourg de Liorac, elle avait 68 ans. L'inhumation fut faite par Antoine de Lascoups, alors curé de Liorac, sans doute dans l'église mais ce n'est pas précisé dans l'acte :
" Le sixième juin 1788, sépulture de françoise de Salignac, dame veuve de feu Sr de pourquery, ancien capitoul de Toulouse âgée d'environ soixante-huit ans. Son enterrement fait par plusieurs mrs les curés de ce canton en présence de Pierre roussel, de jean dussou qui n'ont signé pour ne scavoir de ce enquis par moi. Lascoups curé de liorac. "
Marie Pourquery et l'abbé Paulhiac prirent en commun la jouissance des biens qu'ils avaient reçus de la succession et habitèrent la même maison et gardèrent l'indivision.
 
mais qui était l'abbé Paulhiac ?
Quelles étaient les raisons pour que Françoise de Salignac fasse une donation à Pierre Paulhiac et impose le partage de la maison avec sa fille ? Comme nous allons le voir dans la généalogie très simplifiée, (seules les branches utiles à la compréhension sont indiquées), les familles POURQUERY et PAULHIAC étaient apparentées : Pierre POURQUERY de Gardonne et Jean PAULHIAC, le père de l'abbé étaient cousins germains. De plus, l'abbé Paulhiac avait aidé Françoise de Salignac, sans doute depuis son veuvage et elle écrit dans son testament : "Pour l'estime et l'amitié que j'ai toujours eue pur M. l'abbé Paulhiac, et pour le récompenser des services multiples qu'il a bien voulu me rendre et que je le prie de continuer à mon héritière, je donne et lègue..."

La famille Paulhiac :
Jean Paulhiac, le père de Pierre, était avocat en Parlement.
Pierre Paulhiac avait une soeur Françoise , née en 1735, qui entra en religion, et un frère aîné né en 1739, Pierre François Paulhiac de la Sauvetat, lui aussi avocat en Parlement, qui fut député du Tiers Etat à l'Assemblée lors de la réunion des Etats Généraux en 1789 (1739-1808 il prêta le serment du Jeu de Paume, mais cessa toute activité politique à la Constituante)
Souvent dans les familles, le fils cadet embrassait une carrière ecclésiastique alors que l'aîné conservait titre et possessions et il devait assurer des ressources à son cadet pendant son séjour au séminaire et ce jusqu'à ce dernier obtienne une cure et un revenu. Un "acte clérical" était alors passé devant notaire pour officialiser cet engagement.


Acte clérical de Pierre Paulhiac
Cet acte fut passé le 15 avril 1769 au repaire de la Sauvetat grasset, paroisse de Douville, devant François Boussenot aîné, notaire royal. (AD24, 3E8636 ) En voici les principaux extraits :
Demoiselle Marie Françoise Rambaud de la Feuillade, veuve à feu mr Me Jean Paulhiac avocat en parlement, et mr Me Pierre François paulhiac avocat en parlement, mère et fils, habitants de la présente maison, icelui Sr Paulhiac agissant en qualité de fils et héritier universel de Mr feu Jean son père.../
ont déclaré que Mr Pierre Paulhiac du Repaire, leur fils et frère résidant actuellement au séminaire St Charles à Toulouse, désirant entrer dans l'état du sacerdoce, et ne pouvant être promu à l'ordre du sous diaconnat, sans un établissement par forme de titre clérical d'une pension viagère de la somme de cent livres annuellement suivant les rites et usages de ce diocèse,.../ constituent par ces présentes audit Sr Pierre Paulhiac fils et frère aspirant une pension viagère de la somme de cent livres par forme de titre clérical, qu'ils s'engagent à lui payer annuellement exemptes de toutes charges jusqu'à ce qu'il soit pourvu et paisible possesseur d'un bénéfice suffisant.../ hypothèquent tous leurs biens présents et avenir spécialement la moitié d'une métairie appelée du Rondalet située dans la paroisse de Montagnac la Crempse, laquelle moitié ils ont déclaré être plus que suffisante pour le payement de ladite pension.
Et pour majeur assurance des présentes et de la susdite pension, s'est présenté messire André Nicolas seigneur des Pâques chevalier de l'ordre militaire de St Louis, gendarme de la garde du roy, habitant en son noble repaire des paquesparoisse du sudit montagnac, lequel a assuré et affirmé moyennant son serment que la moitié de lad. métairie de Rondalet est plus que suffisante pour produire annuellement le revenu de lad. pension de cent livres et en tant que de besoin de son bon gré et bonne volonté s'est rendu caution de lad. pension solidairement..../ obligent pour cet effet tous ses biens présents et avenir, sous le scel royal...
Les termes de cet acte montrent l'importance de cet engagement puisque la mère et le frère de Pierre Paulhiac ont hypothéqué leurs biens et que le seigneur des Pâques s'est également porté caution !

On peut noter que Françoise Rambaud s'était déjà engagée en 1762 à verser pour sa fille Françoise Paulhiac une pension annuelle et viagère de 20 livres dans un contrat d'aumône dotale (ce qui constituait un engagement par rapport à la mère supérieure d'un couvent), (tout en lui constituant la somme de 4000 livres) qui entra au couvent des Ursulines de Périgueux sous le nom de soeur Ste Croix. A la Révolution, obligée de quitter le couvent, elle resta à Périgueux, elle y fut emprisonnée sous la Terreur, et y mourut le 22 décembre 1815 à 80 ans. (E. Roux, Les Ursulines de Périgueux, Bull. SHAP, Tome XLI, 1914, p148 ).

Prêtre et chanoine du chapitre de la Cathédrale de Périgueux
Pierre Paulhiac devint donc prêtre et fut nommé chanoine de la Cathédrale de Périgueux.
Il signa régulièrement des actes dans les registres de Liorac, alors que Jacques Lascoups du Cluzeau était curé de la paroisse. Pierre Paulhiac devait donc résider souvent à Liorac.
Et le 25 janvier 1781, il célèbra dans l'église de Liorac, avec l'accord du curé, le mariage entre Messire Jean François Nicolas de Paques (fils), écuyer, Seigneur des Paques, ancien gendarme de la garde ordinaire du roy, habitant la paroisse de montagnac la Crempse et Delle Valeton de Garraube de la paroisse de Liorac". Dans cet acte, il est nommé "abbé Paulhiac, chanoine de la Cathédrale de Périgueux et il signe Paulhiac Chne. Parmi les nombreuses signatures, celle de son frère Paulhiac de la Sauvetat.


Puis la Révolution arriva...
Mr l'abbé BOUET dans son "Dictionnaire biographique du Clergé du Périgord au temps de la Révolution Française" (DELTACONCEPT Ed.), donne des précisions concernant cette période :
"Pierre Paulhiac prête le serment de Liberté-Egalité ("Je jure d'être fidèle à la nation et de maintenir la liberté et l'égalité ou de mourir en les défendant") le 9/9/1792.
Sa pension de 1000 livres annuelles lui est payée jusqu'au trimestre de messidor de l'an II (juin 1794). A partir de l'an III, il passe sur le district de Bergerac, résidant semble-t-il alors à Liorac. De l'an VI à l'an IX (1797-1801), il est pensionné, non rétracté, habitant Liorac; il n'exerçait plus depuis 1794. On ne parle pas de lui au Concordat, il semble vivre retiré à Liorac, ne prenant aucun ministère officiel."
On le retrouve effectivement à Liorac en l'an VI où il participe aux délibérations de l'administration municipale du canton de Liorac : ainsi le 12 floreal de l'an VI (1er mai 1798), il signe un document à la place du président (AD24 11L291)


Testament et fin de vie à liorac
Retraité, l'abbé Paulhiac habitant le bourg de Liorac, rédigea le 20 juillet 1809 un testament olographe, déposé à l'étude de Me Lespinasse qui contenait les dispositions suivantes :
Il léguait une rente de 200 livres à Françoise Paulhiac sa soeur, religieuse,
2000 livres à la famille Rambaud de Lanquais,
l'usufruit de ses biens de Liorac et la propriété des meubles à Marie Pourquery
et nommait Dominique Paulhiac son cousin germain, héritier.

Et le 26 mars 1815, mourut à Liorac Pierre Paulhiac "prêtre, ex chanoine de la ci devant cathédrale de Périgueux", selon l'expression du maire Etourneau Lavalette. Le décès fut déclaré par Zéphirin Lascoups que nous allons retrouver dans la suite de l'histoire.

 

@ Marie-France Castang-Coutou
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