Marie Pourquery de Gardonne

Ainsi la situation prévue par Françoise de Salignac à la dernière clause de son testament :
"Au cas de prédécès du sieur abbé Paulhiac avant mon héritière le droit de retour aura lieu en faveur de cette dernière."
s'est réalisée puisque l'abbé Paulhiac est décédé avant Marie Pourquery.
De plus l'abbé Paulhiac dans son propre testament avait fait legs d'usufruit et de jouissance en faveur de Marie Pourquery de tous ses biens immeubles de Liorac et lui avait légué tout le mobilier qu'il y possédait.
 
Marie vécut donc dans sa maison du bourg à Liorac, jouissant des biens légués par l'abbé Paulhiac et de ceux légués par Françoise de Salignac, y compris du tiers attribué à l'abbé Paulhiac, tiers qui selon les volontés de sa mère devait lui revenir en cas de décès de ce dernier.

Et moins d'un mois après le décès de Pierre Paulhiac, elle fit son testament ...

Le testament de marie pourquery de gardonne (AD24 3E 8620)
Le 19 mai 1815, le notaire de Cause de Clérans, Pierre Chanut1 vint à Liorac dans la maison de Marie qui était "malade, couchée mais saine d'esprit et d'entendement" pour rédiger son testament. En voici les termes :

"Je donne et lègue à titre de legs particulier à monsieur VALLETON Latissenderie père2 une somme de 4000 francs3, payables en quatre termes..../
Je donne et lègue au même titre de legs particulier à monsieur Bernard LASCOUPS Loquerie4 fils second, de la commune de Saint Georges une somme de 4000 francs payables un an après mon décès.
Je donne et lègue à mes deux servantes, outre ce que je puis leur devoir pour gages et salaires, et qui sont Marguerite ROUSSEL et Louise TEYSSENDIER5, une somme de 300 francs payables à chacune dans l'année de mon décès.
Je donne et lègue à l'hôpital de la ville de Bergerac,6 une somme de 4000 francs payables une moitié deux ans après mon décès et l'autre moitié quatre ans après mon décès, sans intérêt.
Je donne et lègue aux pauvres de la paroisse de Liorac la somme de 300 francs payables dans l'année de mon décès.
Je charge mon héritier ci-après nommé de faire dire des messes pour 600 francs dans l'année de mon décès, dont 300 francs pour le repos de mon âme et 300 francs pour le repos de celle de monsieur l'abbé Paulhiac.
Je donne à monsieur Jean LASCOUPS fis aîné surnommé Zéphirin7 du lieu de Lascoups commune de Saint george de Monclard, tous mes biens meubles immeubles mobiliers droits et actions qui m'appartiendront au jour de mon décès.../ à charge pour lui d'acquiter mes dettes et les legs que j'ai ci dessus faits.
Moyennant quoi ay fini mon testament, cassant révoquant et annulant tous autres que je puis avoir précedemment faits, voulant que le présent soit le seul exécuté, comme contenant mes dernières volontés.

NOTES :
1- La famille CHANUT a donné plusieurs notaires à Cause de Clérans, dont Elie, Guy et Pierre.
2- Une des branches Valleton de Liorac, alliée aux Pourquery de Gardonne par le mariage d'une tante du capitoul, Françoise Pourquery avec Henri Valleton Latissanderie, qui était donc le grand oncle de Marie.
3- Depuis 1795, le franc avait remplacé la livre tournois, unité de compte de l'Ancien Régime, mais les valeurs des deux monnaies étaient pratiquement équivalentes par rapport à leur poids d'argent.
4- Bernard Lascoups Loquerie, fils d'une autre tante du capitoul, Marie Pourquery et de Jacques de Lascoups. Ils résidaient au château de Lascoups à St Georges de Monclard.
5- Les deux servantes : - Marguerite ROUSSEL, avait environ 45 ans, elle était fille d'un tisserand de Liorac. Née au bourg, elle y mourut en 1848 à l'âge de 78 ans.
- Louise TEYSSENDIER était plus jeune, elle avait une vingtaine d'années. Son père était "artiste vétérinaire", ce qui à cette époque correspondait à un maréchal-ferrant qui pratiquait "l'art vétérinaire". Après le décès de Marie, elle épousa Pierre Lozeille, ex-sergent des grenadiers, qui sera le garde champêtre de Liorac.
6- L'hôpital de Bergerac : depuis la fin du XVIIème siècle, les soeurs hospitalières de Ste Marthe assistaient les malades à l'Hôtel-Dieu. La révolution a certainement affaibli cette Communauté et il est certain que les dons étaient bienvenus.
7- Jean Lascoups, le frère cadet de Bernard, était donc l'héritier universel de Marie et il dût, à ce titre, entrer dans la bataille des procédures.
Lecture du présent testament a été par nous notaire, faite en présence des témoins sous signés à ladite demoiselle marie de Pourquery qui a déclaré avoir bien entendu cette lecture et le contenu de sondit testament, dont acte fait, passé et lu à la testatrice en présence de monsieur Arnaud Mirabel prêtre desservant la commune de saint george de monclard et demeurant au bourg dudit st george.../ monsieur Louis Geneste docteur en chirurgie demeurant à la rebière commune de Beauregard, sieur Jean Chassaigne père, menuisier demeurant au présent lieu de liorac, et sieur Jean Teyssier forgeron, demeurant aussi au présent lieu, tous quatre témoins qui ont signé avec nous notaire. Ladite demoiselle de pourquery testatrice na pas signé ayant déclaré savoir mais ne pouvoir à cause de la faiblesse qu'elle éprouve de la main avec laquelle elle écrit et signe ordinairement, faiblesse occasionnée par la maladie dont elle est atteinte, ainsi qu'elle l'a déclaré.

le 15 janvier 1823 marie pourquery de gardonne s'éteignit dans le bourg. Elle avait 80 ans.
Les principaux personnages de cette histoire avaient donc disparu. Les héritiers Paulhiac vont entamer une bataille juridique qui va durer au moins jusqu'en 1839 !

@ Marie-France Castang-Coutou
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