Publicités et produits-miracles

Page mise en ligne le 8 juin 2020         

► A l'heure actuelle en France, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) évalue les risques sanitaires présentés par les médicaments et produits de santé destinés à l'être humain.
Cette agence contrôle et surveille étroitement la publicité pour les médicaments : interdite pour les médicaments remboursables par la Sécurité Sociale, elle peut être autorisée pour les médicaments "grand public" qui peuvent être achetés sans prescription médicale.

► En 1918 la publicité pour les produits de santé était libre et on la trouve presque à toutes les pages de tous les journaux : manifestement les risques engendrés par les produits proposés n'avaient pas été évalués auparavant, car certains composants sont maintenant connus pour être toxiques voire même cancérigènes. mais beaucoup de publicités ne donnaient aucun renseignement sur la composition du produit.
Les prix de ces produits miracles variaient entre 1,50 et 5F. Par comparaison, 1 kg de pain valait environ 1F en 1918.
 





PROTÉGER LES BRONCHES


Au début du siècle les maladies pulmonaires, même en absence d'épidémie de grippe, étaient fort redoutées et tuaient beaucoup de monde. Ainsi la tuberculose : Toutes les six minutes, un français meurt de tuberculose !

Les publicités utilisaient cette peur en insistant sur la propriété de leur produit de préserver les bronches. D'autre part, l'assurance maladie n'était pas généralisée et tous les fabricants insistaient sur le faible coût de leur traitement.
Des pseudo-médicaments apparaissent, sorte de remèdes miracles comme :
le Rheastar : qui annonce la guérison aussi bien de la tuberculose aux premier et second degrés que de la grippe espagnole ! C'était un produit au goudron intégral colloïdulé et assimilable d'après la formule et le procédé Rhéa Alker, U.S.A.,docteur en médecine (6F20 le flacon et 32F les 6 pour un traitement de 72 jours).



Le goudron Guyot :
"La santé à bon marché" et "Pour préserver vos bronches"
L’eau de goudron provenait d’une macération de goudron végétal, le plus souvent du goudron de pin ou goudron de Norvège. Le goudron Guyot y incorporait un peu de carbonate de soude. Ce médicament fut utilisé jusqu'au début du XXe siècle.On lui prêtait des vertus thérapeutiques contre les rhumes, toux, bronchites , catarrhes, asthme, grippe... mais sur les publicités trouvées en 1918, la grippe espagnole n'est pas spécifiquement évoquée :

Gouttes Livoniennes Contre les rhumes, toux, bronchites, grippe, catharres,asthme, maux de gorge. Ce produit contenait du goudron de Norvège et de la créosote de hêtre, produit connu maintenant pour être fortement cancérigène.

le gomenol : huile essentielle de niaouli, provenant de la Nouvelle Calédonie, alors colonie française. Ce produit antiseptique fut commercialisé sous plusieurs formes:
Elatine Boüin : dérivé du sapin de Norvège (gemme et goudron), pour les affections des bronches (toux rebelles, catarrhes, emphysème, asthme)(source dictionnaire VIDAL 1923)

l'urométine réagissait avec les acides présents dans l'estomac en libérant du formol, certes un antiseptique efficace mais aussi un cancérigène et un mutagène puissants.


Le grippecure : l'usage du Grippecure, à la dose de 2 pilules avant chaque repas, suffit, en effet, presque toujours, pour enrayer le mal à son début et l'empêcher de dégénérer en maladie sérieuse. Souvent même, en un seul jour, la grippe la plus tenace et l'influenza la plus opiniâtre cèdent à cet héroïque médicament :
"Arrachez le mal dans sa racine. C'est ce qu'il faut faire quand vous êtes pris de la grippe, sinon gare aux complications et pour cela prenez du GRIPPECURE".
Aucune information sur la composition de ce produit ni d'ailleurs sur la Septylase censée guérir "rapidement la grippe sans régime" (la Croix, 12 mai 1918)
 
des inhalations : humides (inhalation anglaise Ellesss) ou sèches (poudres Louis Legras) taient souvent utilisées.

Les poudres Louis LEGRAS : ce pharmacien chimiste conçut une spécialité de plantes antiasthmatiques à base de datura (psychotrope, anesthésique et broncho dilatateur mais très toxique et dangereux), de résine de benjoin et d'azotate de potasse. Il fallait faire brûler une pincée de poudre et aspirer la fumée.
 
Les pilules sédatives du Dr Edwards à base de Bromal (somnifère), Codéine (dérivé de la morphine), Iode (désinfectant), Jusquiame (hallucinatoire et puissant narcotique).

A côté de ces "médicaments", les pastilles et sirop contre la toux : Les pastilles Géraudel au goudron de Norvège , les granules des Vosges, les pastilles Valda, le sirop Pulmo, le sirop de sève de pin maritime Lagasse (Le Figaro, 15 mars 1919)
 



PRODUITS D'HYGIÈNE

jap ouat : un coton nasal, agréable et pratique, le plus puissant antiseptique contre la contagion
le fluorol : il s'agit de fluorure de sodium utilisé comme antiseptique et puissant désinfectant pour le nez et la bouche.
Coaltar saponiné Le Beuf à la fois dentifrice et gargarisme.

 



FORTIFIANTS

Après quatre années de guerre et de privations, les organismes étaient affaiblis et donc facilement attaqués par le virus de la grippe. Plusieurs fortifiants étaient proposés à la population :
les pilules Pink pour personnes pâles (à base de fer, déjà évoquées lors de la guérison d'une petite fille à Liorac),
Vin de Vial (quina (poudre de quinquina), viande et Lactophosphate de Chaux)
et le Normal Tonic (kina, coca, kola, mathé et glycerophosphate ).

Parfois les produits étaient associés au nom d'un médecin, sans doute pour rassurer l'éventuel consommateur : par exemple la mycolysine du Dr Doyen (18-03-13 Le Matin)


EN CONCLUSION : 4 années de guerre, les médecins étaient sur le front, ceux qui restaient n'avaient aucune connaissance de ce "virus" et en étaient réduits à essayer de soigner les "complications pulmonaires" avec les médicaments disponibles. Les particuliers étaient inondés de publicités pour des médicaments qui n'en étaient pas et souvent les familles n'avaient pas les moyens de les acheter. Dans ces circonstances, la grippe espagnole fut une nouvelle et terrible épreuve pour la population française. Face à cette épidémie, quelles mesures ont été prises par les dirigeants ?

Conseils et mesures de précaution

@ Marie-France Castang-Coutou
Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)