La seigneurie de Garraube (2)

Vers 1692, Jean(II) Valleton de Boissière, le second fils de Jean et Marie Josset, était donc seigneur de Garraube.
Sa descendance directe constitue la "branche de Garraube" qui va se perpétuer pendant deux siècles...
1695- Une alliance protestante :
Jean contracta en 1695 une alliance avec Jeanne Sorbier, fille de Jacques Sorbier, docteur en médecine à Bergerac. Les Sorbier, comme les Valleton, étaient protestants.
Pourtant depuis dix ans, Louis XIV avait mis fin à l'existence légale du protestantisme en révoquant l’Édit de Nantes : le roi interdisait le culte protestant, rendait obligatoire le baptême et le mariage catholique et interdisait aux laïcs protestants d'émigrer sous peine des galères. Pourtant dans la région de Bergerac, la communauté protestante restait importante et certains «nouveaux convertis» adoptaient une «façade» catholique, tout en restant calvinistes de cœur.
Conversion au catholiscisme :
Jean et Jeanne Sorbier se convertirent et leur union fut régularisée en 1708 dans l'église de Liorac, avec « la permission de l'évêque de Périgueux, portant qu'ils se sépareront pendant 4 jours et qu'ils offriront aux pauvres de Périgueux la somme de 20 livres, ce à quoi ils ont satisfait et Mgr l'évêque leur ayant accordé la dispense de trois bancs »{♣}. On peut remarquer que le seigneur de Garraube signe toujours "Boissière". Il faudra attendre la génération suivante pour voir apparaître le nom de "Garraube".
 
de 1696 à 1719, de nombreux enfants :
Lors du mariage devant l'église catholique, le couple avait déjà huit enfants ! Leurs deux premiers fils, Josué né vers 1696 et Zacharie vers 1698, sont sans doute nés à Garraube mais la perte des registres de Liorac entre 1692 et 1698 empêche de le vérifier. Tous leurs autres enfants sont nés à Garraube et furent baptisés dans l'église de Liorac. Après 1708, le couple eût encore plusieurs enfants et le titre de Secrétaire du Roi est mentionné dans chaque acte de baptême.  donc au moins 14 enfants, 9 garçons et 5 filles !
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Justification de noblesse :
Les énormes besoins financiers de la monarchie conduisirent Colbert à lancer dans tout le royaume de grandes enquêtes de noblesse, dans le but d’améliorer la rentabilité de l’impôt, en particulier de la taille que les nobles ne payaient pas. Désormais, toute personne prétendant à la noblesse doit présenter ses titres devant les officiers du roi et se soumettre à leur jugement. Mais l'exigence de preuves écrites pose de considérables problèmes pour beaucoup de familles qui, n’ayant jamais eu à apporter ce type de preuves, ne s’en étaient guère préoccupées : les archives familiales étaient souvent mal conservées ou perdues, et la recherche des pièces originales chez les notaires était souvent difficile.
1708- Achat en d'une charge anoblissante de Secrétaire du Roi :
Jean Valleton de Boissière, était maintenant converti, marié devant l'église catholique et ses enfants étaient baptisés. Il pouvait donc accéder aux offices dont étaient exclus les protestants. Sentant combien la noblesse de ses ascendants était difficile à prouver sans lacunes, il acheta en 1708 la charge anoblissante de Secrétaire du Roy et fut nommé auprès de la Chancellerie de la Cour des Aydes de Bordeaux {♣}.

Le 14 août 1708 {♣}, il se présenta devant l'Intendant de la généralité de Bordeaux, qui était alors Yves-Marie de la Bourdonnaye, chevalier, seigneur de Coëtion et « teste nue et à genoux, a presté entre ses mains le serment de fidélité qu'il doit à sa Majesté ». Jean partagea alors son temps entre Bordeaux et Garraube.
Puis vint le moment de faire son testament... Avec 9 garçons et plusieurs filles, comment répartir ses biens sans morceler le domaine de Garraube ? Rappelons qu'à cette époque le testateur avait entière liberté pour distribuer ses possessions et pouvait privilégier ou au contraire déshériter l'un ou l'autre de ses enfants.
 
1733- Le testament de Jean(II) Valleton de Boissière, Seigneur de Garraube et Secrétaire du Roi :
Donc le 17 mai 1733, le notaire royal, Géraud Mailhetard (AD 24, 3 E 7879; Pocock; {♣}), habitant à la résidence de Bergerac, se présente à Garraube, dans la maison noble de Jean Valleton, sieur de Boissière. Celui ci, sain de corps et d'esprit commence son testament. Après les introductions d'usage pour un catholique ... il va répartir ses biens entre sa femme et ses enfants qu'il nomme avec leur « numéro » de naissance. Huit de ses fils sont encore vivants :
► deux se sont opposés à leur père en refusant d'abjurer, et en contravention avec les édits du roi ont quitté le royaume pour la Hollande. Il s'agit de l'aîné, Josué et du 4ème, Joseph, qui vont être mis à l'écart dans le testament de leur père,  qui déclare avoir donné beaucoup d'argent à Josué (n°1) et le déshérite purement et simplement, disant qu'en cas de retour dans le royaume, il souhaite que ses héritiers acceptent qu'une somme de 4000 livres lui soit donnée et rien de plus. Il a également donné en 1727 à Joseph (le n°4), 3500 livres et souhaite qu'il n'ait rien de plus.
► Viennent ensuite les autres fils :
◊ Zacharie (n°2) qui vient de se marier en 1732 a déjà reçu une forte somme.
◊ Jean (n°5), Josué (n°7), Jacques (n°8) reçoivent chacun 4500 livres.
Pierre (n°3) et Jean Zacharie (n°6) reçoivent par moitié le reste du domaine de Garraube qu'ils partageront avec leur mère Jeanne Sorbier. Pierre se marie en 1734 et reçoit un capital de 18 000 livres, une sorte d'avance sur la succession.
◊ Et les filles ? seules deux sont citées, les autres sont peut être décédées : la fille aînée, Marie, est déjà mariée (elle a épousé à Liorac en 1730 Etienne Maliorat de Labatut{♣}) et a reçu 6000 livres à l'occasion de son mariage, et Jeanne, la plus jeune recevra 4500 livres, quand elle sera en âge de se marier.


L'addition de tous ces legs donne une somme considérable : 
Garraube était alors sans doute le plus riche domaine de Liorac !

Les Valleton de Garraube

@ Marie-France Castang-Coutou
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