Ce n'est qu'à partir de 1668 que les registres paroissiaux nous sont parvenus, relatant la vie du village, les naissances, les mariages,
les décès et laissant parfois deviner quelques informations sur l'église du XVII
ème siècle. Il existe de plus,
un manuscrit de 1688 qui relate la visite des paroisses du diocèse,
ordonnée par l'évêque de Périgueux, Mgr Le Boux, et faite par ses délégués. Le but de cette visite était d'établir un état général des églises du
diocèse, de leur mobilier, des presbytères et cimetières. Dans ce document, quelques lignes sont consacrées à chaque paroisse. Ce manuscrit
a été retranscrit par le Chanoine Roux et publié dans plusieurs articles du Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord
en 1927 et 1928.
Depuis 1317, le Périgord était divisé en deux diocèses, celui de Périgueux au Nord de
la Dordogne et de la Vézère et celui de Sarlat au sud. Liorac faisait partie du diocèse de Périgueux et de l'archiprêtré
de Saint-Marcel comme le montre une partie de la carte de Sanson de 1689.
L'Archiprêtré de Saint Marcel comprenait 32 paroisses qui ont été visitées: St Nicolas de Trémoulat, St Hylaire de Trémoulat, St Roch de Mauzac, St Estienne de Drayaux,
St Pierre de La Linde, St Sulpice de La Linde, St Pierre de Baneuilh, St Crapazy (Saint Capraise), St Cybard (Mouleydier), Notre- Dame de Creysse, St Sauveur,
Ste Marie de Lamonzie, St Martin de Liorac, Ste Marie de Cause, Ste Colombe, Ste Marie de Preyssignat, St Marcel (l'archiprêtré), St Clou de Grand Castang,
St Mayme de Roxans, St Pierre de Vict, Ste Foy du Longua, St Pierre es Liens de Sainte-Alvère, St Laurens des Bastons, Guihegorce (hameau de Saint-Laurent-des-Bâtons),
Ste Marie de Veyrines, St Saturnin du Salon, St Jean de Cendrieux, St Michel de Villadeyx, St Amand de Villadeyx, Fouleyx, St Maurice, St Front de Clermon, et St Florent.
En lisant le compte-rendu de cette visite, on ne peut que s'étonner de l'état lamentable des églises : en effet on retrouve souvent la phrase
"la nef n'est ny voutée,
ni pavée, ni lambrissée, les murailles menacent ruine" et Liorac n'était pas parmi les "pires"...
Voici ce compte-rendu consacré à la visie de Saint-Martin de Liorac :
Guillaume POURQUERY curé. Sanctuaire n'est pas achevé de lambrisser; ledit curé a promis d'y faire travailler. La nef n'est voutée, ni lambrissée ni pavée.
Deux chapelles aux costés, grandes, neuves, voutées et non pavées. Le curé dit avoir fait faire celle qui est sur la gauche.
La tour du clocher a esté voutée, mais est abattue. N'y a de scindiqs. La maison est toute desplanchée, mal couverte, les murailles menacent ruine.
Un jardin.
On apprend ainsi qu'en 1688, l'église avait eu un clocher qui avait été vouté et qui s'était écroulé. Il ne s'agit pas bien sûr du clocher du XII
ème
qui a traversé les siècles. En Dordogne, beaucoup d'églises possèdent encore à l'heure actuelle deux clochers.
A Liorac, ce deuxième cloher était peut être un clocher mur, comme dans l'église d'Aygueparses : d'ailleurs, si on examine bien le sol devant la porte actuelle de l'église , on peut remarquer au sol une trace de fondations
en demi-cercle qui pourrait correspondre à une abside comme sur la photo de l'église d'Aygueparses. Mais on peut aussi imaginer un clocher carré...,
et sans fouilles permettant de retrouver des fondations, on n'aura sans doute jamais la réponse !
La deuxième information concerne les deux chapelles "neuves" en 1688, donc récemment construites. Dans les registres paroissiaux tenus par
le curé Guillaume Pourquery, on trouve souvent la mention de la "chapelle Notre-Dame" .
Les aménagements intérieurs de l'église étaient quasi inexistants: le sol était en terre battue et l'absence de lambrissage au plafond, laissant la charpente apparente,
devait fournir une ventilation salutaire puisque l'église, comme nous le verrons, servait fréquemment de lieu de sépulture!
Le lambrissage de l'église ne sera terminé que beaucoup plus tard, après la mort en 1706 du curé Pourquery, comme le mentionne dans un acte notarié, son neveu, Guillaume Pourquery,
avocat à la cour, habitant du bourg de Liorac, qui déclare
"avoir fait faire le lambris de l'église en exécution du testament de son oncle,
cy-devant curé de la dite paroisse de Liorat".
La notice de 1668 ne dit pas de quel côté se trouvait alors l'entrée de l'église.
En effet, comme il était d'usage au Moyen Age, l'église fut orientée vers l'est et l'entrée se faisait par l'ancien porche, à l'ouest.
Mais à une époque inconnue et pour des raisons également inconnues, l'entrée fut transférée côté est. En 1668, l'église avait-elle déjà été "retournée"?
Au dessus de la porte actuelle, une date, 1732, est gravée sur la croix mais il est cependant fort possible que la transformation ait eu lieu
avant 1688, au moment où le clocher évoqué "dans la notice s'est écroulé...