FORGERONS, TAILLANDIERS,
MARÉCHAUX-FERRANTS,
trois métiers du fer

     page mise en ligne le 25 novembre 2022   

Forgeron, Taillandier, Maréchal-ferrant, trois métiers qui avaient pour point commun le travail du métal, en particulier du fer, chauffé au rouge dans une forge et mis en forme à coups de marteau sur une enclume.

Les conditions de travail étaient particulèrement pénibles dans une forge : chaleur étouffante, bruit permanent, effort physique considérable et répétitif pour marteler le fer et actionner les souflets, quasi absence de protection (un tablier de cuir et des sandales à semelle de bois) et le risque d'accident était grand.

Le coeur de la forge était la cheminée chargée avec du charbon. Les énormes soufflets actionnés par une chaîne, alimentaient le foyer en air et permettaient d'atteindre la température nécessaire au travail du fer.

Source : gallica.bnf.fr / BnF
Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers,
Diderot D'Alembert , Tome IV planche II.

 
Mais comme nous allons le voir, ces trois métiers concernaient des spécialités différentes .

Le FORGERON :
il intervenait à la demande, selon les besoins des cultivateurs, pour aiguiser ou réparer divers outils.
Il aidait aussi les charrons à cercler de fer les roues des charettes, ce qui était un travail délicat : il fallait tout d'abord cintrer du fer plat à la forme de la roue, puis le souder en cercle. La pose du cercle autour de la roue nécessitait une grande rapidité pour ne pas brûler le bois...et donc l'intervention de plusieurs ouvriers.

Le TAILLANDIER :
C'était un forgeron spécialisé dans la fabrication d'outils ayant un tranchant (le nom de taillandier dérive de taillant) : pelle, hache, bêche, binette, serpette, pioche, faux, faucille, tous essentiels pour la culture .
Il fabriquait aussi des outils pour différents corps de métiers ( maçons, menuisiers, carriers nombreux à Liorac) et devait être capable de concevoir n'importe quel outil à la demande. Il produisait également des instruments de cuisine, marmite... et des objets pour équipper la cheminée : chenêts, crémaillères, pinces, plaque de cheminée, trépied..., des objets nécessaires pour la vie quotidienne. La figure suivante montre un échantillonage de la production d'un taillandier :

Source : gallica.bnf.fr / BnF
Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Diderot D'Alembert ,
Tome 37-planches IV, VIII, IX.

 
Le MARÉCHAL-FERRANT :
Il avait les mêmes compétences qu'un forgeron ou un taillandier pour travailler le fer dans une forge avec marteau et enclume, mais le aréchal-ferrant se distinguait des deux autres car il était le seul à s'occuper des gros animaux, boeufs ou chevaux :
Il jouait le rôle de vétérinaire et soignait leurs maux et petites plaies, parfois les opérait (extraction de dents) et toujours ferrait leurs sabots qui s’abîmaient rapidement, d’où la nécessité de changer les fers régulièrement.

Le cheval est en général un animal docile qui peut être ferré en étant juste attaché par un licol, comme on le voit sur l'image suivante :

Source : gallica.bnf.fr / BnF
Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers,
Diderot D'Alembert , Tome7-planche I : ferrage d'un cheval

Par contre pour ferrer un bœuf, il fallait obligatoirement l'immobiliser dans un travail car cet animal ne tient pas sur trois pattes et il est impossible à un homme, même très costaud, de maintenir le pied d’un bœuf sans le secours de solides courroies de cuir. Le travail (travail à ferrer ou tramail en Dordogne) était un dispositif très solide, fixé au sol et conçu pour soulever et maintenir les vaches et les bœufs lors du ferrage :
A Liorac, un petit bâtiment près de la forge abritait ce tramail. Il a été démonté lorsque les derniers animaux de trait ont disparu.
Dans le village voisin, à Cause de Clérans, un tramail sert de décoration devant la mairie en hommage à ce métier d'autrefois :


Le boeuf était conduit entre les solides piliers de bois, de larges ventrières de cuir étaient passées sous le ventre de l'animal permettant de le soulever un peu grâce à des poulies. Les pattes étaient attachées avec des lanières de cuir. La figure suivante montre la façon dont on plaçait l'animal dans le travail et comment on attachait les pieds à ferrer :

Source : gallica.bnf.fr / BnF
Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie domestique : travail à ferrer.
1er janvier 1904, p126.

La patte d’un bœuf possède deux sabots et elle est donc différente de celle d’un cheval. Deux fers de forme particulière étaient donc posés sur chaque sabot de l'animal.

Source : gallica.bnf.fr / BnF
Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Diderot D'Alembert ,
Tome7-planche V : fer d'un boeuf

Une fois le boeuf immobilisé, le maréchal-ferrant préparait les sabots en enlevant les fers usagés, puis égalisait la corne avec un grattoir. Il préparait ensuite les fers, les adaptant aux sabots de l'animal : son habileté permettait de corriger un défaut d'appui, fabriquant ainsi de véritables fers "orthopédiques". Lorsqu'il était satisfait, il chauffait le fer dans le foyer de la forge et le posait encore rouge sur le sabot de l'animal. L'odeur de la corne brulée envahissait le local... Il fixait ensuite le fer en enfonçant dans la corne du sabot,à travers les trous du fer, des clous à tête carrée. Chaussé à neuf, le boeuf repartait ensuite voué à son pénible travail quotidien.
 
 
  Forgerons, taillandiers, maréchaux-ferrants à LIORAC avant la révolution

@ Marie-France Castang-Coutou
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