La fête à Liorac en 2017

St Martin ou St Côme et St Damien ?
Traditionnellement, la fête votive à Liorac se déroule autour du dernier dimanche de septembre, pour la fête de Côme et Damien. L'expression "fête votive" a le sens de " fête patronale". Il est cependant curieux de noter que l'église de Liorac est dédiée non à St Côme et St Damien, mais à Saint Martin, fêté le 11 novembre !
Le RP Carles dans son ouvrage "Titulaires et Patrons des diocèses de Périgueux et de Sarlat" souligne la différence entre ces deux termes : tandis qu'un Titulaire est attaché à une église, le Patron appartient à une population". Cependant il indique pour Liorac : Titulaire et Patron St Martin de Tours, 11 novembre ; et il remarque qu'on y fête St Côme et St Damien à cause des reliques de St Côme présentes dans l'église de Liorac (peut être insérées dans la pierre d'autel ?). Comment et pour quelle raison, une relique datant de 287, année de la mort St Côme et St Damien, est-elle parvenue dans l'église de Liorac ? On ne connaitra sans doute jamais complètement la réponse !

Donc tout cela n'est pas très clair, mais néanmoins ces trois Saints sont bien représentés sur le rétable de l'église :
► St Martin , avec sa crosse et sa mitre (il fut évêque de Tours)
► et Côme et Damien , frères jumeaux, nés en Arabie, exercèrent gratuitement la médecine et gagnèrent une grande réputation. Tout en secourant les malades, ils diffusèrent la foi chrétienne. Quand les persécutions des chrétiens commencèrent, ils furent arrêtés et ayant refusé de renier leur foi, ils subirent le martyr, mais les romains ne parvenaient pas à les exécuter, les flèches se retournaient contre leurs bourreaux, et ils finirent par être décapités le 27 septembre 287, près de Cyrrhus à la frontière syro-turque . Côme et Damien sont considérés comme les saints patrons des médecins et des chirurgiens et sont représentés avec les emblèmes de leur profession. Sur le rétable de Liorac, l'un d'eux porte un pot de pharmacien et l'autre une flèche, évoquant sans doute ainsi les épisodes difficiles de leur exécution.
On sait de façon certaine assez peu de chose sur leurs reliques : leurs corps furent d'abord déposés dans une basilique à Cyrrhus (actuellement en Syrie), à proximité du lieu de leur martyr. Puis la plus grande partie de leurs restes furent transportés à Rome et déposés dans l'ancien temple de Romulus transformé en église qui leur fut dédiée au VIe siècle. Leurs crânes restés en Orient furent ramenés en Europe: on les signale à de nombreux endroits, Rome, Brême, Madrid, Munich et curieusement dans une chasse de l'abbaye de Brageac dans le Cantal, où ils auraient été rapportés par les seigneurs de Scorailles à leur retour de la première croisade vers l'an 1105. Cette date correspond à peu près à l'époque de la construction de l'église de Liorac. Vue la proximité avec le Cantal, c'est une une possibilité pour qu'une relique soit arrivée à Liorac par des chevaliers templiers ou de St Jean, Croisés, ou un ordre religieux (couvent, abbaye) ? Encore un mystère...

Donc trois Saints pour un village, mais abondance ne nuit pas !
Est-ce à cause de la date tardive que la fête n'a pas lieu le 11 novembre pour la saint Martin mais en septembre pour la fête de St Côme et St Damien ?

Voici un "reportage" de la fête de septembre 2017.

la fête à Liorac en septembre 2017
Les festivités ont changé depuis quelques décennies, plus de guirlandes électriques ni de fleurs en papier, les forains et manèges ont disparu, plus de tir à la carabine ou de pêche à la ligne, plus de bal, c'est passé de mode, mais toujours de la bonne humeur et une ambiance festive : au programme de la fête 2017, une messe à l'église de Liorac, suivie d'une balade en tracteurs et d'un apéritif à la Croix de Rozan, et une importante exposition de matériel agricole avec de superbes tracteurs anciens amoureusement remis en état par des collectionneurs passionnés. Une démonstration de battage a attiré beaucoup de monde permettant d'apprécier les apports de la mécanisation dans les exploitations agricoles. Et point commun entre la fête d'hier et d'aujourd'hui, le repas traditionnel, autrefois servi dans toutes les maisons de Liorac et maintenant de façon plus collective à la salle des fêtes. Plusieurs dames de la commune se sont mises aux fourneaux et ont cuisiné pour 200 personnes, un véritable exploit ! Merci à ces bénévoles qui emploient leur temps et leur énergie à perpétuer ces traditions festives.

Voici quelques photos, pour commémorer la journée. Un grand merci à Bernadette !
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DÉMONSTRATION DE BATTAGE
La batteuse a été amenée et soigneusement installée et équilibrée sur la place de la salle des fêtes. La batteuse est une machine agricole utilisée pour séparer le grain de la paille (la tige du blé) et de la balle (la pellicule qui enveloppe les grains, et qui servait à remplir les paillasses)
Au XIXè, avant la mécanisation, qui n'est véritablement apparue en Dordogne qu'après la fin de la guerre de 14, le travail était essentiellement manuel : le blé était coupé à la faux, les gerbes formées en s'aidant de la faucille, liées et rangées en gerbier. Venait ensuite le battage au fléau dans la cour de la ferme. Tous participaient dans un grand élan de solidarité et la journée se terminait par un repas mémorable avec les réserves que les femmes de la maison avaient mises de côté pendant toute une année en vue de cette période de grands travaux. Et le meilleur vin était sorti de la cave pour étancher la soif de tous ces travailleurs.
Plus tard, au début du XXè siècle, le battage se faisait toujours dans la cour des fermes mais avec une batteuse : les paysans qui exploitaient de petites propriétés ne pouvaient acheter une telle machine qui n'était d'ailleurs pas adaptée aux petites surfaces. Il y avait donc quelques "entrepreneurs de battage" qui utilisaient leur machine en allant de ferme en ferme pour battre le blé qui avait été coupé "à l'ancienne", c'est à dire à la faux.
Famille et voisins se rassemblaient pour un travail dur, mais dans une ambiance joyeuse : c'était une fête pour tous car le blé, c'était le pain assuré et donc la survie de la famille.

Aujourd'hui en ce dimanche de septembre 2017 à Liorac, on retrouve ce qui se passait à Liorac il y a environ une centaine d'années.
Les hommes s'activent : le gros tracteur qui va fournir l'énergie toussote déjà derrière l'antique batteuse Merlin 1949. La batteuse est actionnée au moyen de poulies et courroies par la prise force du tracteur et on peut remarquer les longues courroies plates qui sont croisées pour obtenir le bon sens de rotation pour chaque élément de la machine.
Une manette est enclenchée et la grande courroie se met en action. Le battage commence !

L'imposante batteuse
MERLIN 1949
Montée sur pneus,
elle a pu être tractée
sur la route jusqu'à la salle des fêtes

Le tracteur SOMECA
(Someca constructeur de tracteurs
français, créé en 1953 par Simca,
alors filiale de Fiat)


Sur une charrette,
les gerbes sont prêtes

 
D'un coup de fourche, les gerbes sont envoyées sur un "ascenseur à gerbes" qui se trouve sur le côté de la batteuse. Il faut certainement une longue habitude pour maitriser le geste ! Les liens qui tiennent les gerbes sont rapidement coupés et elles sont insérées dans l'engreneur automatique situé sur le dessus de la batteuse. Spécialement conçu, il permet "d'avaler" les gerbes sans risque de "bourrage" ... Le batteur cylindrique tournant éclate les épis qui doivent ressortir vides. Il faut régler avec soin le batteur pour que les grains ne soient pas cassés. La paille, les grains et balle tombent sur des secoueurs, les grains passent à travers un crible pour les séparer de la paille.

les gerbes de blé arrivent
en haut de la batteuse.


puis sont insérées
dans l'engreneur automatique.

 
La paille est évacuée vers l'avant alors que les grains plusieurs fois nettoyés sont envoyés vers l'arrière pour l'ensachage. Un ventilateur extrait la balle qui sort par le tuyau latéral. La paille est insérée dans une petite presse indépendante, actionnée par un petit tracteur des années 80, qui permet de faire les bottes de paille.


poussière garantie !


la paille est compactée en botte


et voilà !

 
Bilan de la journée positif. Merci à tous ceux qui ont donné leur peine et leur temps pour faire revivre et montrer le travail de nos grands parents !

EXPOSITION de MATÉRIEL

LES TRACTEURS

Le tracteur s'est développé en France avec la motorisation de l'agriculture après la Première Guerre mondiale. Il prit réellement son essor après la Seconde Guerre mondiale (les chevaux et boeufs avaient été réquisitionnés par l'armée et les exploitants n'avaient plus rien pour tirer charrettes et charrues). A partir des années 1960, le tracteur s'est véritablement imposé et on le retrouve dans presque toutes les exploitations. En voici quelques modèles exposés en ce jour de fête à Liorac :

de gauche à droite :
un FORDSON Super Major de 1964
un DEUTZ D15 de 1958
et un IH Cub de 1956


de gauche à droite :
un tracteur "rouge" Mc Cormick FARMALL de 1962
un FAHR fabriqué dans le Haut Rhin vers 1958
et un 201 "Société française" de Vierzon, surnommé "le populaire"

 

un magnifique tracteur Vendeuvre SUPER GG 1956 :
un des cinq proptotypes français,
avec moteur 6 cylindres
à refroidissement par eau.


Un tracteur Vendeuvre 1962, le BL560,
moteur diesel à refroidissement par air :
adapté aux exploitations moyennes,
il bénéficiait d'une très bonne adhérence,
grâce à une technologie de "report total"
qui permettait un report de poids
sur les roues motrices du tracteur.

 
MOTEURS, OUTILS ET AUTRES


► Un moteur stationnaire BRUNEAU (Tours) : moteur à essence, monté sur un chariot locomobile en bois avec des roues et un timon en fer. Ce type de moteur permettait de faire fonctionner divers appareillages dans les fermes, ici une pompe à eau.
► Deux exemples de motofaucheurs

 
►Une collection de "deux roues" avec les mythiques "Solex" et une rutilante camionnette de collection (Citroen C4 1928 ?)

 
La journée s'est terminée par un défilé du matériel et par le traditionnel repas campagnard. L'ambiance était à la bonne humeur ! Fête réussie et encore merci à tous ceux qui ont participé.

   @ Marie France Castang-Coutou
   Contact: postmaster*liorac.info (remplacer l'étoile par @)