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Le cluzeau de la Ricardie

Situé à l'ouest de la commune de Liorac, le château de la Ricardie fut fortement remanié au XIXème. Ci dessous, une aquarelle originale de G. Charrier de 1888, conservée à la bibliothèque de la Société Historique et Archéologique du Périgord, sous la référence AD12, montrée sur ce site avec l'aimable autorisation du Président de la SHAP que je tiens à remercier ici.
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Le souterrain de la Ricardie fut mentionné pour la première fois en 1888 dans le Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord (SHAP). Voici la chronologie de cette exploration telle qu'elle est rapportée dans les bulletins de 1888. J'ai eu la chance d'avoir accès aux dessins qui sont mentionnés dans les bulletins et qui n'ont pas été publiés en même temps que la description du cluseau. Le plan et les deux dessins ci-dessous sont les documents originaux conservés à la bibliothèque de la Société Historique et Archéologique du Périgord sous la référence CA16, qui sont présentés sur ce site avec l'autorisation du Président de la SHAP.
Séance du 3 mai 1888
"Notre confrère M. Palut a écrit à M. le Président (Mr Hardy), pour appeler son attention sur un cluseau ou souterrain-refuge situé à La Ricardie, dans la commune de Liorac, et qui lui a été signalé par un de ses amis, M. Gustave Charrier.
« Ce cluseau, lui dit-il, est creusé de main d'homme dans le roc, et est composé de deux chambres superposées. Ces chambres ont la forme d'un entonnoir renversé; la première est de dimensions plus grandes que celle qui se trouve au-dessous. On pénètre dans le cluseau par une ouverture cachée sous des ronces, au bord d'un fossé. On rencontre aussitôt un escalier qui conduit à la première chambre. On entre, ou plutôt on descend dans la seconde pièce (ou sous-sol, s'il est permis de s'exprimer ainsi), par une ouverture circulaire laissant passer juste le corps d'un homme. » Un croquis, accompagnant la lettre de M. Palut, complète les renseignements fournis par notre confrère, et permet d'apprécier l'intérêt que pourrait offrir l'examen du souterrain de La Ricardie. L'assemblée accueille avec empressement la proposition que lui fait M. le Président de se charger lui-même de cet examen, et lui en témoigne sa satisfaction." (Bulletin de la SHAP 1888).

Séance du 28 mai 1888
"Suivant la promesse qu'il nous avait faite à la dernière séance M. le Président est allé visiter, le 22 mai, le souterrain refuge de la Ricardie. Il a été accompagné dans cette excursion par MM. Palut et Gustave Charrier. Par suite de l'effondrement des voûtes, les chambres les plus profondes du cluseau sont en grande partie comblées, mais l'escalier d'accès et les deux premières chambres sont admirablement conservées et présentent des particularités intéressantes.
Sur le seuil de l'une de ces chambres, s'ouvre une fosse que les habitants du lieu avaient soin de fermer habituellement à l'aide d'une trappe, mais dans laquelle celui qui aurait tenté de forcer l'entrée du souterrain ne pouvait manquer de se précipiter. Une galerie étroite faisant communiquer le fond de cette fosse avec une arrière-chambre, permettait d'achever l'ennemi encore étourdi par sa chute, et d'entraîner à soi son cadavre. Comme dans tous les souterrains du même genre, les parois des chambres sont percées de meurtrières pour surveiller les corridors et éviter les surprises.
Mais par surcroît de précautions, des silos sont, à la Ricardie, creusés dans les chambres hautes. M. le Président met sous les yeux de l'assemblée le dessin de l'un de ces silos voûtés intérieurement, et dont l'orifice circulaire se fermait à l'aide d'un obturateur en pierre. Des galeries mettaient le silo de la deuxième chambre en communication avec les pièces basses du souterrain, de façon que sans pénétrer dans cette chambre, l'on pouvait venir chercher les provisions de bouche que recelait son sous-sol." (Bulletin de la SHAP 1888).
On peut remarquer sur le plan plusieurs caractéristiques habituelles des cluseaux: tout d'abord des escaliers d'accès étroits que l'on pouvait surveiller depuis les salles par des meurtières. On peut facilement imaginer un guetteur dans la salle H qui embrochait depuis la meutrière un assaillant qui se trouvait dans l'escalier et qui était arrêté à ce niveau par la porte dont on voit les encoches sur le plan. De même un guetteur placé devant la meutrière de la salle G pouvait tuer les assaillants qui auraient réussi à passer la première porte. Et si par hasard, certains d'entre eux avaient franchi ces premiers obstacles, ils avaient toutes les "chances" de tomber dans le piège, une fosse en J, et de se rompre les os! Une deuxième porte barrait alors la suite de l'escalier. La petite taille des salles, constitue une deuxième caractéristique habituelle des cluseaux.
Cependant, le cluseau de la Ricardie, présente une particularité : il contient des silos voutés, que l'on pouvait boucher par un couvercle de pierre et qui contenait des réserves de grains. D'après le schéma, ils ont un diamètre de 1m50 à la base et une profondeur de 1m30, soit un volume d'un peu moins de 2m3, et à peu près 1500 kg de blé. C'était donc une réserve conséquente, et les silos étaient sans doute systématiquement remplis après chaque récolte, permettant ainsi d'assurer la survie des familles en cas d'attaque .
 

@ Marie-France Castang-Coutou
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