La Basserie



Au nord du bourg de Liorac, une colline sépare les vallées de la Louyre et du Caudeau. Ce ruisseau marque la limite entre Liorac et Saint Georges de Montclard. Sur la ligne de crêtes, la voie romaine, au tracé rectiligne, domine les deux vallées du haut de ses 135 m.
La Rafigne et le Sorbier sont des hameaux tournés vers la Louyre, tandis que la Basserie est située dans la descente vers Montclard, surplombant d'une trentaine de mètres le Caudeau et le moulin du Mail.
La Basserie est indiquée sur la carte de Belleyme, donc vers 1775, mais elle existe depuis une époque bien plus ancienne. Le vicomte de Gourgues, dans son dictionnaire topographique de la Dordogne, signale un ancien fief nommé la Bassaria en 1370 (fonds Lespine), qu'il situe par erreur sur la commune de Lamonzie-Montastruc.
La Basserie se compose d'un manoir aux toits d'ardoise, que l'on aperçoit à gauche sur la photo et de plusieurs bâtiments couverts de tuiles. Comme nous allons le voir, cet ensemble abritait plusieurs familles, celle du seigneur dans le manoir et des paysans dans les autres maisons.
Les informations qui vont suivre ont été extraites de ma base des relevés des registres paroissiaux de Liorac. Ces registres ne commencent qu'en 1668 et donc malheureusement, il n'y aura pas d'informations pour les périodes antérieures à cette date. Mais de plus, les renseignements seront forcément parcellaires car il faut chercher les pièces du puzzle et peu à peu les emboiter pour reconstituer l'histoire d'un lieu et de ses habitants.

La Basserie en 1668


Pierre de GAREBOEUF de CHANTECOR, écuyer, était seigneur de la Basserie
La famille de Gareboeuf est originaire de Saint Paul la Roche. On y trouve à proximité les terres de Chantecor et de Montardy, associées à diverses branches de Gareboeuf.
Le blason de la famille, schématisé à partir des indications de l'Armorial du Périgord de Froidefond de Boulazac, est "d'argent à un taureau de gueules, au chef d'azur chargé d'un croissant d'argent accosté de deux étoiles d'or."

Pierre de Gareboeuf de Chantecor était fils d'Anthoine de Gareboeuf, écuyer, Sr de la Roche de Montardy (1624-1704, St Paul la Roche)et d'Isabeau du Bousquet de la Tour.

Pierre de Gareboeuf épousa en premières noces, le 11 juillet 1664 à St Paul la Roche, Marie de Forge (source : registres de St Paul la Roche, numérisés par les Archives de la Dordogne).

Veuf, il épousa avant 1670 Françoise de SAINT-OURS de RIEUCAZE

Le blason de la famille Saint-Ours, est "d'azur à l'ours passant d'or surmonté d'un croissant d'argent" comme schématisé sur le dessin.
L'association du "taureau" et de "l'ours" donna une famille de Gareboeuf à la Basserie: Anne naquit en novembre 1670, puis Antoine juste un an plus tard en novembre 1671. Un autre garçon Pierre-Jean, né en 1672, ne vécut que deux mois et fut inhumé dans la chapelle de l'église. Enfin, en 1675 naquit une autre fille, Isabeau. Aucune autre naissance n'est mentionnée sur les registres jusqu'à la mort, à la Basserie, de Françoise de Saint -Ours de Rieucaze, le 27 juin 1687. Elle avait 50 ans. Elle fut elle aussi inhumée dans l'église. Le décès de Pierre de Gareboeuf n'apparait pas sur les registres, mais il est vrai que certaines années manquent.
Trois familles de laboureurs vivaient à la Basserie en 1668

* Reymon BESSE, laboureur, marié à Judith DELDREULH: en novembre 1668, ils ont un fils à la Basserie et Pierre de Gareboeuf en est le "parin", il signe "Chantecort de la Basserie" :
* Andrieu DELDREULH, laboureur, et Jeanne BESSE ont aussi un fils en 1669. (les patronymes suggèrent des familles apparentées)
* Thoni TRIDAT laboureur et Guilloune LASSERRE ont une petite fille en 1672.

La Basserie de 1700 à 1750


Après le décès de Pierre de GAREBOEUF de CHANTECOR et de Françoise de SAINT-OURS de RIEUCAZE, trois de leurs enfants sont encore en vie :
►Anne de GAREBOEUF, demoiselle de la BASSERIE : en 1702, elle épouse à Liorac Antoine PEYRON, Sr de Candillat en Quercy.
►Isabeau de GAREBOEUF, demoiselle de la BASSERIE : aucune information
►Antoine de GAREBOEUF de la BASSERIE,
le seul garçon survivant, hérite naturellement du titre et devient seigneur de la Basserie. Il embrasse la carrière des armes et devient capitaine dans le régiment Périgord. Il ne tarde pas à épouser Françoise de CAMPNIAC de ROMAIN.
Le mariage a certainement eu lieu à Champ-Romain (le père de Françoise était seigneur de Romain), vers 1702, puisqu'en février 1703, Pierre nait à la Basserie, suivi de Jean en février 1704, puis en septembre 1705 d'un autre Pierre. Toutes ces naissances ont eu lieu à la Basserie.
Donc trois garçons et deux filles, Anne, et Marie dont les actes de naissance n'apparaissent pas dans les registres de Liorac.
Antoine de Gareboeuf, meurt à 53 ans, en 1724, dans la maison noble de la "Boreilhie", paroisse de St George de Monclard : à cette époque, Antoine de Gareboeuf était donc seigneur de La Basserie et de La Boreilhie (la Beaureille), deux fiefs voisins : il fut enterré dans la chapelle Ste Anne de l'église de Liorac. Ses enfants ne vont pas tarder à le suivre !
Sa fille, Anne, meurt trois mois plus tard aussi à la Beaureille en 1724, âgée d'une vingtaine d'années.
L'ainé, Pierre de Gareboeuf de Chantecor, qui a hérité du titre à la mort de son père meurt à son tour, à 30 ans le 12 février 1733 à Saint Georges de Montclar et est inhumé dans la chapelle Ste Anne de l'église de Liorac.
Jean décède en 1720, à 16 ans.
Reste le dernier garçon, Pierre qui meurt à la Basserie, à 45 ans le 7 octobre 1749. Il est lui aussi inhumé dans l'église de Liorac.

La branche de GARREBOEUF de la BASSERIE vient de s'éteindre... et la Basserie revient aux de MINARD de la COSTE :
En effet, la dernière fille, Marie était mariée : "le 17 septembre 1729, Marie de Garreboeuf, demoiselle de la Basserie, épouse dans l'église St Georges de Montclard Pierre de MINARD, écuyer, seigneur de La Coste et de Chévrier."
La famille de Minard était originaire de Chalagnac, au sud de Périgueux. Le couple va d'ailleurs y habiter. Mais en 1730, Marie revient accoucher d'une fille Catherine et son frère, Pierre de Garreboeuf, est parrain. Il est alors seigneur de la Basserie. Marie de Garreboeuf met ensuite au monde une série de garçons à Chalagnac, jusqu'à un fils posthume Alexis, au début de l'année 1742, après la mort de son mari le 1er juin 1741. Après la mort de Pierre de Gareboeuf en 1749, la Basserie revient à Marie qui est veuve et donc à son fils ainé : François de Minard, écuyer devient seigneur de la Coste et de la Basserie. Il épouse Marie La Besse, fille d'un marchand de Veyrines de Vergt, en 1750 : il n'a alors que 18 ans et sa mère, Marie de Garreboeuf, donne son consentement au mariage.

Durant cette période plusieurs familles de paysans habitent le hameau de la Basserie
►Pierre Lymousy, laboureur, et Marie Desplat ►Guilhen Desplat, laboureur, et Jeanne Chaverou ►Puis Thoni Geaufre travailleur de terre, qui épouse Marie Desplats devenue veuve. ►Jean Marceron et Jeanne Manet ►Pierre Chadourne, laboureur à bras et Anne Chort ►Bernard Desplat et Anne Donac ►Antoine Arnoul et Catherine Romagere ►Léonard Denoix, laboureur et Jeanne Arnoul ►Pierre Desplat, laboureur et Catherine Lescure ►Etienne Bleyzac, journalier et Françoise Chadourne ►Antoine Aubert, journalier et Jeanne Durestal ►Antoine Ambert, vigneron et Jeanne Durestal ... la liste est longue et n'est pas exhaustive !
Il y avait donc beaucoup de monde à la Basserie dans la première moitié du XVIIIèmesiècle.

@ Marie-France Castang-Coutou
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